PARTIR

 

loin là bas dans le détroit du Sénégal

Partir sur l’eau à l’aube du monde dans le détroit au sénégal

PARTIR
Tu crois que tu vas t’enfuir
comme ça à la nuit rasante
partir encore et toujours dans la brume automnale
partir pour retrouver ta jeunesse enfuie
partir pour mourir au soleil
pour chercher où mourir
partir
moi je reste
vestale de la lune je reste et tu pars
encore et toujours
Je refais les gestes du jour
le café du matin, la maison qui s’éveille
la chatte qui cherche à échapper aux chiens
les bruits d’un jour qui recommence
dehors le jardin s’ouvre au point du jour
je regarde l’aube se lever
les fleurs exhalent leurs parfums
femmes fanées en quête d’un baiser
qui masque leurs cuisses insolentes
leurs pétales offertes et leurs tiges tendues
l’aube a l’odeur de l’absence
dis quand reviendras-tu

SARAHLOUP

TRIOS MORTELS …

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“Elle était belle comme la femme d’un autre” , René Girard place dans le trio amoureux l’origine de la violence qu’il a passé sa vie à étudier , de manière trop “chrétienne” pour certains de ses détracteurs.

http://www.thebookedition.com/fr/je-t-aime-je-te-suis-trois-je-te-tue-p-340484.html ( lien pour mon recueil de nouvelles version papier )

“Jules et Jim” illustre  cette violence qui risque de déferler, sous couvert d’un amour à trois. Si l’on s’en tient à la fin tragique de Jules à moins que ce soit celle de Jim. De toute façon, leurs destins sont brisés.

Je vous rappelle l’histoire, Jules et Jim sont amis, Catherine se marie avec Jules, elle aime Jim, tombe amoureuse de celui qui reste l’ami de l’autre, tout en le détestant, d’être aimé d’elle. Il y a une petite fille au milieu des adultes qui essaie de vivre sa vie d’enfant, dans un monde en équilibre instable.

Tout l’art de Truffaut réside dans l’éprouvé offert au spectateur, de la fragilité de l’équilibre d’une situation qui recèle en elle même les raisons de son déséquilibre. Ca finira mal, les histoires d’amour finissent mal, en général , n’est-ce -pas ?

Jeanne Moreau est inoubliable en héroïne aussi belle et fragile qu’indestructible, en marche vers son destin.  Personne n’a oublié la séquence où Catherine court en pantalon et casquette portant la main à son couvre-chef en un geste d’une exquise féminité.. le coeur du spectateur se serre en pressentant la fin tragique qui ne saurait tarder. Lequel finit dans la voiture qui achève sa course au bout d’une jetée en ruine, avec pour passagers les amants égarés, est-ce Jules ou Jim, l’ami ou l’amant?

Un trio amoureux est toujours mortel : c’est ce que racontent mes cinq nouvelles rassemblées en un recueil publié aux éditions the book édition : “un je t’aime, deux je te suis, trois je te tue “.

J’espère qu’elles vous plairont. L’univers dans lequel elles évoluent est plus fantastique que celui du film de Truffaut.  Il recèle quelques uns des ressorts de la violence dénoncée par René Girard.

Cinq situations où un couple rencontre un personnage, et leur univers bascule. Un monde sombre et noir, aux limites de l’étrange, aux bornes du réel, dont l’équilibre instable s’effondre quand  la mécanique de l’étrange et du surnaturel se met en marche .

http://www.thebookedition.com/fr/je-t-aime-je-te-suis-trois-je-te-tue-p-340484.html

Un excellent moment en perspective pour un week-end liseur…(#laoujailu)

Bonne Lecture

SARAHLOUP

IL EST UNE LÉGENDE …

elle et lui sur un mur loin là bas

un tag sur les murs au fin fond du sénagal

Il existe une légende qui veut que chaque construction demande la vie d’un homme en échange de son droit d’exister . Laurence Cossé, dans son livre sur la fascinante histoire de  La Grande Arche de la Défense,  raconte que celle-ci a vu mourir son architecte l’année qui a suivi sa construction. (le 5-7, de France-Inter Dimanche matin 5h30);

Le Taj-Mahal a lui aussi sa légende un peu différente mais qui relève du même sens au fond : Un prince Indien fit ériger ce mausolée, car il ne parvenait pas à se consioler de la perte de sa bien-aimée. Afin de faire comprendre à l’architecte la douleur dans laquelle il se trouvait plongé, fit tuer la femme de l’architecte . Celui-ci, au comble de la douleur, construisit le Taj-Mahal, le plus beau tombeau du monde…

Les écrivains, paient de leurs vies les mots qu’il écrivent. Philippe Roth accuse chacun de ses livres de lui avoir pris un ou deux ans de sa vie !

Ainsi sans doute en est-il de toute création, nul ne peut s’instituer un Prométhée moderne, sans en payer le prix. Sauf peut-être les peintres ou certains créateurs qui enfantent dans la joie au lieu de la souffrance si souvent invoquée. Mais ceux-là, n’existent que dans l’imaginaire .

Tout acte de création demande son prix de sang , d’encre, de temps passé à souffrir pour créer. Toute création se paie de larmes et de souffrance, de plaisir aussi mais le plaisir n’est jamais très loin de la souffrance, nonobstant ce que dit Elisabeth Guilbert, “mange, prie, aime”, qui place la transcendance comme position nécessaire à tout être créateur, et au fond pourquoi pas ?

Toute vie est un acte de création, toute révélation à soi même passe par la création de soi même , chaque être humain comporte en lui, un potentiel créateur qu’il doit révéler pour exister vraiment.

Cherchez au fond de vous, ce désir de créer existe. Il y a une petite flamme tout au fond de votre être qui ne demande qu’à être révélée pour que vous existiez. Vous le paierez de votre vie antérieure et serez révélé à vous même ! Il faut se perdre soi même avant de se trouver , il faut mourir à soi avant que de renaître. Nous sommes des phoenix lorsque nous devenons des créateurs…

Me voilà philosophe et bien trop sérieuse pour un lundi matin, c’est sans doute parce que j’ai passé le week-end à créer des mots et du sens pour moi et mes collègues écrivains en herbe…

Cherchez, le jardinier, la couturière, la cuisinière, le musicien, le chanteur, le poète, l’écrivain, le photographe… Trouvez l’ artiste qui sommeille en vous et ne demande qu’à se dire pour que vous existiez vraiment…

Bonne semaine créative

SARAH-LOUP

 

 

“VOUS A-T-ON DIT?”

un homme et un enfant en Inde seuls,au milieu de la foule

un homme tient un enfant dans ses bras pour quel avenir ?

Samedi 9 avril, 18h35 ARTE,

Il faut voir ou podcaster le documentaire de Yolande Moreau qui, elle, prend sa caméra pour arpenter le camp des réfugiés, en France et tenter, une fois encore, d’attirer l’attention sur leur sort,

Alors, comme nous assistons impuissants, au naufrage d’un peuple et de milliers de personnes,

Alors, face à l’incurie de nos dirigeants, à peine moins impuissants que nous,

Seul un poète, ou un artiste peut clamer le drame et la révolte

Je relaie les mots magnifiques de Laurent Gaudé , chuchotés par la comédienne :

“Vous a-t-on dis que vous seriez des ombres,

Qu’il n’y aurait pour vous aucune terre ?

Vous a-t-on dit qu’après la guerre, il y aurait

La misère de la terre battue par les vents ?

Vous a-t-on dit que vous n’auriez plus de nom?

Nulle part ici, nulle part ailleurs.

Vous a-t-on dit que vous auriez Nulle part comme seule patrie ?”

Laurent Gaudé

SARAHLOUP

COMBIEN TU PÈSES ?

un lendemain de soirée ?

ah ces djeuns !

Ma fille et ses amis se trouvaient jeudi après midi, à la maison pour cause de piquet de grève devant le lycée ! Déjà ils n’étaient pas à la manif, et de toute façon la manif ils s’en foutent !

Je suis rentrée tôt ce jour là, et comme je m’approche de la chambre dans laquelle ils sont enfermés, je les entends, discuter, d’un de leur rappeur préféré, avec cette interjection qui me ravit :

“il pèse!”

ah c’est la dernière expression à la mode.  Je rentre et tombe sur une troupe de djeuns en train de jouer à un de leur serial game favori. Ils sont ensemble autour de l’écran. Ils ne m’ont pas entendu entrer . Soudain, l’un d’eux s’exclame d’un air absolument entendu :

“il va prendre cher”! pris dans leur jeu ils ne m’entendent pas .

Parfois,  ils s’apostrophent d’un air absolument désabusé  :” t’es teubé  ou quoi!” traduction, mais là vous avez une longueur d’avance sur moi : t’es bête ou quoi

C’est du verlan gros naze !

Ma fille et ses amis sont repartis dans la chambre et ils ont fermé la porte, je n’entends plus leurs interjections, ni le brouhaha, ils n’ont pas envie que les adultes se mêlent de leurs affaires, et c’est tant mieux ..

Et moi, je me demande quelle va être la dernière expression qui va ravir leur vocabulaire et faire chanter ma vie !

Plus tard, ils viennent me dire au revoir, les regardant partir, dans la nuit,emmêlés dans leurs histoires, les visages froissés  et les cheveux en bataille , “trop contents” d’avoir échappé à une après midi de cours, d’avoir joué et rigolé, et je me demande soudain nostalgique :

qu’ est-ce qui pèse pour moi ?

SARAHLOUP

Jour de grève des éboueurs

l'enfance au milieu du monde

UNE PETITE FILLE TOUTE SEULE ET SON OURS AU MILIEU DE NULLE PART AU SÉNÉGAL

C’est jour de grève des boueux
Un Jour de trêve pour les gueux
Toi servante tu badines
Fais ton travail en queue leuleu

C’est jour de grève des boueux
Les éboueurs sont en colère
Il n’y a plus de jours fériés
Il n’y a que des mauvaises graines
Il n’y à plus d’abricotiers
Sur les paupières de ma reine
Il n’y a que des arbousiers
Sur les chemins de traverse

C’est jour de trêve chez les gueux
Et mon amour bat la campagne
D’une breloque inassouvie
Fait mon jardin en compagnie
Il n’y a plus d’école pour nous deux
Plus de règle grammaticale
ni d’orthographe fondamentale

Je vais sourire au coin du bois
Tu vas pleurer demain
Il n’y a plus de calcul,
D’algèbre ni d’alchimie
Le bleu de tes yeux a délavé la pluie

Il n’y aura plus d’école
Nous ne nous verrons plus sur le chemin
Je ne suivrai plus le dessin de tes pieds nus
Sur la poussière du chemin

SARAHLOUP

COMMENT S’ÉCRIVENT LES HISTOIRES ..

3 contes

LE VENT DU SUD M’A DIT 3 contes

Dans la grande maison il y a les âmes.

Elles voyagent dans l’espace.  Dans la grande maison, on les croise parfois. Le silence lui apporte des histoires, quand elle écoute, qu’il n’y a personne, que les chiens et le bruissement du vent. Elisabeth Guilbert dit que les histoires trouvent leur auteur. Les histoires la trouvent dans le silence .

Dans la grande maison, un jour ils sont entrés, et elle les a choisis, eux. ils se sont regardés et ils ont dit oui tout de suite, malgré les mises en garde itératives de leurs proches, effrayés par la taille de la maison. Lui voulait une grande maison, la maison les voulait, eux. Elle ne leur a pas laissé le choix, ils l’ont achetée.

Depuis il y a eu des histoires dans leur vie, mais les histoires ont décidé de la trouver elle. Des histoires qui s’écrivent dans le silence ,du matin, ou de la nuit.

Le silence est un transporteur d’histoires. les flocons de silence si on les ouvre,ont chacun une histoire à raconter, comme les chatons de chataigner, comme les arbres, les chiens, le vent, les chevaux et les enfants. Un jour un enfant lui a dit” arrête de m’écrire”, c’est vrai qu’elle l’écrivait, lui qui avait perdu son histoire et qui venait la voir pour qu’elle la retrouve. Elle retrouve les histoires perdues, les histoires de chacun, dans l’obscurité du silence et le soir de la nuit.  Mais ça c’est difficile  et ça demande de partir loin très loin du monde…

Elle écoute les flocons de silence, et l’histoire s’écrit sous ses doigts. Lui, il lui a demandé d’écrire l’histoire des truites de motte, l’histoire de l’enfant racontée quand il avait 7 ans. Elle veut raconter l’histoire du monde de l’eau aussi, une histoire patiente qui attend depuis un an, mais qu’elle doit raconter.

Et puis, il y a les âmes, qui habitent dans la grande maison. L’âme de la vieille dame qi a refusé de déménager et est restée dans la pièce où elle est morte. Ils ont repeint la pièce mais la vieille dame l’a défraichie et rendue comme elle était avant, il y a eu une fuite sur les murs et la pièce est retournée au silence d’antan. La vieille dame n’aime pas qu’on dérange ses habitudes.

Il y a les âmes de ses grands parents, elle leur a proposé deux chaises et une table dans le jardin, pour qu’il s’assoient et mangent des noix. Ils ont perdu leur maison. ils sont en colère depuis deux ans et elle ne parvient pas à les apaiser !Elle a mis les chaises sous le tilleul mais non, ils ont froid peut-être dans le jardin ou alors il y a trop de bruit, ou ils n’aiment pas les chiens, qui sait?

Il y a l’âme de l’enfant. Celui pour lequel elle écrit une histoire qui a du mal à s’écrire car l’enfant ne veut pas partir et hante un peu trop sa mémoire !

il y a l’âme sans nom, dans la salle de bain, qui entre par la verrière les jours de grand vent. Et il y a le chat transporte une âme rebelle, une âme qui refuse de faire  allégeance, une âme vagabonde que les caresses ne retiennent pas.

Le chein, lui, est le gardien. Il garde la grande maison, à la lune et chasse les lucioles dans le ciel du soir. Le chien est constant. Les nuits d’été la maison lui raconte ses rêves, qui se déposent sous sa plume au point du jour..

Alors les âmes s’apaisent et le silence envahit la maison.

SARAHLOUP

HISTOIRE PHILOSOPHIQUE

 

3 contes

LE VENT DU SUD M’A DIT 3 contes

J’aime bien les allégories, une fois n’est pas coutume, écoutez cette histoire !

Pour ceux, dont je suis, qui adorent le “Seigneur des Anneaux”, je ne résiste pas au plaisir de vous raconter d’où Tolkien a tiré l’histoire de l’ anneau de pouvoir, bien que son auteur ne l’ait jamais publiquement reconnu.

Dans L’anneau de Gyges, Livre 2 de La République de Platon, se trouve l’histoire suivante, racontée par Platon qui la tient d’Hérodote , historien célèbre de l’époque :

Un berger, du nom de Gygès,  vit en Lydie, province d’Asie Mineure (Turquie actuelle), où régne le roi Crésus connu pour ses immenses richesses. Gygès découvre dans une rivière un anneau. Cet anneau rend invisible celui qui le porte.  Gygès comprend vite qu’il peut réaliser ses rêves les plus fous.  Il s’accapare les richesses, les honneurs, élimine le roi, prend sa place.

Lorsque dans le dialogue, Socrate répond que ce n’est pas moral,  à l’époque les philosophes se parlaient et faisaient vivre les concepts, Glaucon rétorque que si la justice  ou la morale, consiste à ne pas servir ses intérêts, alors il est injuste d’être juste !

Si on le peut, pourquoi se priver de conquête, richesse, pouvoir…? c’est l’une des thématique du livre de Tolkien, un Hobbit, jeune homme de petite taille et sans ambition autre que celle d’être heureux dans sa Comtée, va se trouver à devoir sauver l’humanité.

Un enfant va sauver le monde , à condition de résister à la corruption de l’anneau.

Pour Glaucon, la justice n’existe que pour les fous et les imbéciles ! Pas pour Tolkien manifestement , qui place un enfant dans la position d’être le sauveur du monde !

Et  vous , pensez-vous, comme Frodon et Sam, qu’il est juste

de ne pas se servir de l’anneau de pouvoir ?

A méditer

Bonne semaine

SARAHLOUP  – (histoire philosophique racontée par Diégo)

 

LA LUNE ET LA ROSÉE

les mariés de l'an 2050

Un couple de mariés sur un mur à Buenos-Aires

La lune et la rosée

La lune au matin a murmuré à la rosée de ne rien dire au vent du sud
Des rêves des étoiles

La lune a disparu derrière l’équateur
Elle s’en est allée chercher le vent mari
La lune est reparu au dessus des nuées pour caracoler Avec le vent du nord
Les étoiles sont descendu sans queue ni tête en un cortège au vent d’est
Les rêves des comètes ont envahi la terre pour une farandole
Seul le sable a lu le livre des étoiles et les baleines au fond de l’eau
Ont descendu les fleuves intranquilles sur des navires de pagaille
Que des aborigènes canailles ont terni au levant

Sais-tu ce que dit la marmotte au vent qui balaie les montagnes ?

J’ai regardé la face cachée de l ‘ange
Et la lune a souri
J’ai soulevé les nuages et j’ai trouvé le vent du sud
Parti en maraude au dessus du monde
J’ai regardé ta bouche qui riait
Et je t’ai embrassé
Sais-tu ce que murmure le vent du nord aux oies sauvages
Il leur raconte des histoires qu’ elles volent au dessus des nuages
Ton odeur flotte encore sur les draps froissés
L’amour est volatile
Et les anges sourient à l’aube qui éclaire le monde endormi
La lune a regardé les étoiles et a murmuré à la rosée
L’amour s’en est allé au vent levant tout au dessus du monde ..

SARAHLOUP

“DANS CETTE FAMILLE, LES FEMMES PRÉFÈRENT LES BAS MORCEAUX !”

3 contes

LE VENT DU SUD M’A DIT 3 contes

C’est un samedi comme un autre, un matin banal, il se réveille doucement, et elle écrit dèjà, un peu. Comme elle lui fait part de son intention de faire des rognons de veau, à midi, il fait la moue. Mais elle adore cuisiner les abats. Et oui, elle aime  les abats. Le mot d’abord , les morceaux ensuite.  Lui, quelque peu goguenard, la regarde par en dessous, et dit :

dans cette famille, les femmes préfèrent les bas morceaux!”

Elle le regarde à son tour et éclate de rire ! c’est vrai qu’elle appartient à une famille où les femmes ont du tempérament ! Sa grand-mère, pour parler de la deuxième guerre mondiale, alors qu’on attend une diatribe contre ces germains sanguinaires,  dit un jour, d’un air entendu, sur le ton de la confidence  :

” Ah ces allemands ils étaient beaux ! mais beaux, tu n’imagines pas !” perplexe, elle la regarde, et elle poursuit : ” oui, tu sais avec madame B. on écoutait toutes les conversations du quartier eh ben je peux te dire qu’il y en a qui ne s’en faisait pas !” Sa grand-mère était postière . A cette époque, les communications passaient toutes par le bureau de poste . Les postières se délectaient des amours clandestines des dames du quartier! sans compter les amours internes au bureau, mais ça on n’en dira rien !

Sa mère était  une belle femme, séductrice en diable , aguicheuse, un peu enrobée, une caille douée avec les hommes, qu’elle a beaucoup fréquentés d’ailleurs !

Sa tante, très belle femme, elle aussi, de la classe , un rien de froideur, à la différence de sa cadette, manifestement elle n’aimait pas ça …

Sa cousine, héritière de la beauté des femmes de la famille, ravissante , une voix hyper féminine et un rire cristallin, qui fait chavirer le coeur des hommes.

Les deux petites dernières, l’une Céline, blonde chaleureuse et discrètement féminine, l’autre Kandi, princesse des odalisques, fleur encore en bourgeon, un nuage de femme, une lune montante dans une nuit d’Aout.

Reste elle , mais elle est  à part, car depuis toujours elle préfère… se cacher ! elle aime être invisible et elle a développé un certain talent pour cela. Elle peut se glisser dans une pièce ou dans une foule et personne ne la verra.. Elle adore ça, le jeu d’être invisible, lointain héritier du jeu de cache-cache, dont on ne sait pas ce qui est le meilleur, d’être trouvée ou de ne pas être trouvée. Elle préférait ne pas être trouvée, car les cachettes alors devenaient autant d’endroits dans lesquels elle disparaissait des journées entières, loin de tout et de tous ! Elle lisait , elle lisait et le monde n’existait plus quand elle entrait dans le livre et n’en ressortait que des heures après, les yeux remplis des miracles de la fiction .

Lire, lire, encore et toujours, et disparaitre du monde. Un jour elle s’est mise à écrire et la magie a recommencé presque la même, presque la même sensation, un monde s’ouvre au coin du chemin, il faut  suivre le sentier et passer de l’autre côté avec les personnages qui font signe, pour que tu les suives tu les vois ?..

SARAHLOUP

 

 

LA POUSSIÈRE DU SILENCE

 

UNE MAISON AUX BALÉARES LAISSE LA CHALEUR AU DEHORS

DERRIÈRE LA FENETRE, AUX BALLÉARES, LA GRANDE MAISON SOURIT

Il y a des jours où elle se retrouve seule dans la grande maison. Lorsqu’elle est seule le silence de la maison lui parle. Elle a compris,  il y a longtemps, quand elle était encore une petite fille, et que, seule dans la maison, elle entendait le silence.

Elle restait souvent des après-midi entières, seule. Elle aimait que la poussière du silence tombe sur les meubles et se dépose doucement sur le sol, les fauteuils et les canapés. Le chien dormait, les adultes disparaissaient, soudain happés par leurs occupations. Elle restait seule et le silence envahissait tout.

L’espace autour d’elle, le rez de chaussée, l’étage où se trouvait sa petite chambre, au fond d’un grand couloir. De l’autre côté par la porte ouverte elle voyait son reflet dans l’immense glace qui couvrait le mur en vis à vis. Elle lisait, allongée sur son lit. Quand le silence tombait, elle entendait les flocons de silence choir silencieusement sur le sol. Alors, le temps s’étirait, s’étirait, jusqu’à former un hamac dans lequel elle s’abandonnait. Elle fermait les yeux et se laissait voguer sur les flots du silence. Parfois le chien soupirait et le silence, mécontent faisait chavirer le hamac.

Alors, en tombant,  elle relevait la tête et remarquait un léger décalage avec son reflet . Elle savait que c’était le silence qui s’immisçait en elle.

Elle fermait les yeux et quand elle les rouvrait son reflet les gardait encore fermés.

Seul le chien riait de sa surprise et elle, rassurée, refermait les yeux et se laissait flotter dans le silence.

SARAHLOUP

LE MARI DE L’ÉCRIVAINE

3 contes

LE VENT DU SUD M’A DIT 3 contes

Elle se lève tôt. Cinq heures du matin. Le chien l’accueille, ou parfois il dort, dégouté de ces levers intempestifs qui dérangent son sommeil de bête.

Son mari dort, du sommeil du juste ou parfois, il ouvre un oeil, vigilant aux états d’âmes de sa moitié d’écrivaine !

Ecrivaine, quel vilain mot, il y a vaine et vraiment l’écrivain se dit que jamais jamais elle ne pourra se dire écrivaine. Déjà que ce métier contient parfois toute la vanité du monde alors s’il faut être vaine en plus d’écrire non, non et non. Souvent elle pense que son métier consiste à dire non aux choses perturbatrices de l’exercice de son art. Les courses, la lessive, se préoccuper des enfants, de la bonne marche de la maison mais non, elle sait que ces tâches quotidiennes, inscrites dans son quotidien, inspirent ses lignes et  ancrent son écriture dans la réalité.

Car en plus d’être difficile et exigeant, l’art d’écrire peut toucher aux nuages et faire s’envoler celui qui s’y adonne. Sorte de narguilé cosmique et irréel, il envoie celui qui y entre dans un imaginaire sans fin. Sauf , sauf si l’écrivain(e) décide de publier !

Ah publier, heureusement l’écrivain qui, avant, devait prendre son bâton de pélerin et courir le bon vouloir des maisons d’édition, heureusement au XXI siècle, l’écrivain(e) a internet !

L’écrivain peut alors, à loisir, publier et recueillir les avis de ses lecteurs ou pas !

Est-ce que ça change fondamentalement le rapport de l’écrivain à ses lecteurs ? Est-ce qu’un “vrai “écrivain est celui qui trouve un éditeur ? Elle n’est pas loin de le penser mais elle ne se pense pas écrivaine ! Elle écrit page après page et essaie d’apprendre de ses écrits, de ses erreurs, de ses lecteurs..

Elle est juste un artisan de l’écriture, qui façonne ses lignes jours après jours, avec son quotidien, ses soucis, son mari et ses enfants..Elle est un écrivain qui écrit au féminin, avec un mari vigilant au bien-être de sa moitié

d’écrivain .

Bonne semaine

SARAHLOUP

LE VENT DU SUD M’A DIT

3 contes

LE VENT DU SUD M’A DIT 3 contes

MA DERNIÈRE PUBLICATION SUR KINDLE

A LIRE ABSOLUMENT

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SARAHLOUP

AH LES FILLES !

Une toute jeune fille sourit à la vie et à celui qui prend la photo

UNE FILLE JUSTE UNE FILLE QUI SOURIT A LA VIE ET AU MONDE

“Qu’il est joli garçon l’assassin de papa !

Cette phrase , tirée d’une parodie du Cid, déclenchait à coup sûr l’hilarité de ma mère,  et la mienne en écho. Ma mère qui en avait vu d’autres,  fermait à demi les yeux et riait à gorge déployée, soudain libre.

Avec ma grand-mère, elles constituaient une fontaine à filles dont je me demandais bien comment on l’alimentait.

Dans ma famille les filles sont soit du concentré de filles soit…on n’en parle même pas. Pour vous dire, ma grand-mère un jour déclara d’un ton docte : “Isabelle est belle, Florence fait bien la cuisine et toi, toi tu es…heu.. intelligente “, perplexe devant cette division contestable du monde féminin, je me suis demandé si l’une des qualité excluait les autres, et je suis repartie à mes jeux de garçon manqué, de construction de cabanes dans les bois, de recherche de chiens  et chats perdus, d’histoires jouées aussitôt qu’inventées. Mon monde était celui des rêves et des contes, du marivaudage ,de l’enfance dans les bois loin des adultes et de leur monde stupide et plein de règle idiotes que je passais mon temps à fuir, à l’époque .

Un jour quelqu’un a dit que j’étais un “garçon manqué “. Je me suis demandé si “fille manquée”existait, et pourquoi  diable les filles avaient l’apanage de manquer les garçons ! Je ne comprenais pas que l’on puisse me dire ça simplement parce que j’aimais courir, jouer du couteau pour tailler les bouts de bois, monter à cheval, construire des cabanes, être amoureuse des chats et des chiens que je dressais et comprenais fort bien, par ailleurs. Mon oncle disait, lui, que j’étais une sorcière ce qui, selon lui englobait toute la gen féminine et là j’étais d’accord ! Je voulais bien être une sorcière si cela consistait à jeter des sorts et à aller courir (nue) sous la lune et les étoiles , à assister avec mes soeurs au saba les nuits de pleine lune. J’ai longtemps pensé en être une et me suis demandé, si je travaillais fort , si je n’arriverais pas à lire l’avenir ?

Remarquant le manège amoureux de ma cousine, qui profitait trop peu à mon goût de ses charmes, je me suis interrogée sur sa capacité à manquer les garçons . Ma grand-mère qui prenait très au sérieux son rôle de duègne, pistait ma cousine qui se voyait contrainte de faire le mur tous le soirs en descendant la glycine qui courait jusqu’à la fenêtre. Une nuit, ma grand-mère , à qui on ne la faisait pas, ferma la fenêtre. Isabelle fut contrainte de sonner vers 3 heures du matin, ce qui donna lieu à un esclandre et au rapatriement immédiat de ma cousine chez sa mère.

Dommage car j’apprenais beaucoup à son contact ! Les stratégies amoureuses et les autres. Elle est partie l’été de ses quinze ans et comme nous avions 5 ans d’écart, pour le reste j’ai du improviser.

J’ai adoré ces années où il fallait que je me cache d’une grand-mère qui voyait le sexe partout surtout depuis que j’avais eu 13 ans ! Moi je ne comprenais pas ce qu’il y avait de différent avec avant, juste que les garçons qui m’ont toujours beaucoup intéressée m’intéressaient soudain bien davantage !

Ils avaient l’air de partager ma passion subite pour eux et nous sommes devenus très copains, ensuite…

Bref ,une fille au fond juste une fille !!

SARAHLOUP

LA PAGE DE PAPIER

La page de papier

Tu dormais et je t’ai réveillé
Dans ton rêve ou mon cauchemar
Tu dormais au dessus du monde
Géant de papier, l’enfant t’a lâché
Cauchemar en balade, je t’ai abandonné
Mon rêve de papier s’est retourné, au vent mauvais
Mauvais rêves, souvenirs d’antan
Le temps s’est retourné derrière une courbe de lune
Dune perdue au milieu des étoiles
L’enfant s’est retourné et tu m’as regardée
Le cauchemar de papier s’est envolé
La pluie a lavé tes larmes de papier
Sont tombées une à une sur la page
De papier

Sarahloup

Que vive le Printemps des poètes,

regardez autour de vous comme un poète, le monde

alentours attend

SARAHLOUP

REUSSIR ?

un regard d'enfant

Pour un regard d’enfant, au Sénégal, dans le détroit du salun

 

“La réussite consiste à aller d’échec en échec avec enthousiasme” W.Churchill

Ah réussir  qui ne voudrait pas réussir ! mais qu’est-ce que ça veut dire au  fond ?

Devenir écrivain célèbre,  connu ou reconnu, écrire pour ses proches, réussir à écrire une ligne, une page, 20 pages, une nouvelle, un roman , une oeuvre ?

Réussir ses examens, réussir à trouver un boulot, réussir à trouver l’amour de sa vie, réussir à avoir un enfant, puis un deuxième, un autre encore ou non finalement à quatre on est bien, avoir une maison, une famille, partir sur les routes, revenir ou pas, rester ailleurs…

Réussir une photo, un film, capter un regard, traduire une émotion, dire ou taire..

Je n’aime pas trop les philosophes, j’ai tendance à considérer qu’ils se cachent derrière une pensée souvent oiseuse ou absconde .

Un jour mon fils m’a dit d’un ton quelque peu docte : “la philosophie ce n’est pas aider à vivre mais aider à mourir ” je ne sais plus quel philosophe a dit cela, mais c’est la même chose au fond !

Je préfère les poètes aux philosophes, je me retrouve davantage dans des vers que dans une pensée qui n’en finit pas, même si je peux comprendre la nécessité  absolue de la philosophie, surtout aujourd’hui. Je préfère rêver que disserter, je n’aime pas parler , même si j’aime les mots .

Et puis, j’aime les élipses, les racourçis,  les fulgurances, les images qui surgissent sur les pas d’un mot, au détour d’un chemin forcément de traverse . J’aime disparaitre et la poésie est l’art de l’invisible, de l’immanence, de la transparence.

Donc je n’aime pas beaucoup les philosophes mais quand même, la réussite ne serait-elle pas  quelque chose comme : devenir ce que l’on est  et là j’avoue, on touche un peu aux philosophes .

Alors la vie devient un jeu de piste où l’on cherche qui on est , et où chaque expérience est au service de devenir soi.  Qui on est change , bouge, mute, se transforme , varie. On cherche ce que l’on aime , ce que l’on peut concéder , ce que l’on refuse de lâcher car on lâcherait trop sur l’essentiel, ou ce qui est sans importance .

L’essentiel ?  mais qu’est-ce ?  un mot que l’on ne sait pas et qui s’écrit soudain sous la plume comme par magie, le regard d’un enfant qui s’émerveille, la flamme d’une bougie, le regard de l’aimé(e), le sourire de l’amant(e), une note qui s’élève dans l’air pur d’un ciel d’été, l’instant suspendu où l’on ressent l’équilibre du monde et où l’on se sent au centre d’un univers joyeux et intense, un rayon de lumière un après midi de novembre, une voix dans la nuit, un croissant de lune découpé dans la transparence bleutée de l’air du soir, la caresse d’une main qui s’attarde, le chant d’un rossignol juste avant l’aube quand la nuit blêmit .

L’intensité d’un instant, la fulgurante de l’aube, le baiser du vent du sud qui rend fou ou amoureux et brûle les villages de Corse, le frôlement d’un voilier qui passe au large et s’enfuit dans l’azur,  l’infini d’une goutte de rosée ..

Réussir ou aimer,  évidemment mon choix est fait mais sans doute ai-je trop tendance à réduire les choses, à ce seul mot qui contient l’ensemble du monde …

Bonne semaine

 

SARAHLOUP

 

“je crois qu’il faut mourir ,puis vivre puis mourir pour ne plus aimer mourir…

je crois qu’il faut aimer, magnifier..et vivre…

“je crois que le surgissement ne peut jamais venir là où il y a la peur, la haine, les armes et la colère…

“je crois qu’il faut se vouer à l’infini …

Louis Aragon

( exraitspoèmes lus par Guillaume Galliène / France Inter samedi 5 mars)http://www.franceinter.fr/player/export-reecouter?content=1248555

AIMER-2

Il y avait entre nous tous les bonheurs du monde
Et le ciel pour escorte et la nuit pour linceul
Il y avait avec nous les odeurs de l’amour
Ces heures qui égrènent les souvenirs enfuis
Le sable de ton rire
La pluie de ton regard et tes lèvres rougies sous l’ardeur des baisers
Il y avait la pluie qui crépite le soir, les lampes qu’on allume
L’enfant qui craint le noir et redoute les rêves
La bougie tremblée dans la trouée nocturne
Le chagrin soudain venu de nulle part
Et toi qui me sourit…
Au bleu de ton regard s’écrit l’azur des rêves
Basculent en cauchemar
Je voudrais tout te dire et je ne peux pas parler
Les mots sont écorchés avant que d’être nés
Et meurent sur mes lèvres lorsque je te regarde
Tout ton être remplit le livre de ma vie
Tout ton être descend sur les marches du jour
Sur le chemin du temps tu fuis a contre jour
Et demain se retourne au murmure caché
Une source de vie , le vent à contre temps
Un soleil détourné, l’espace de l’été
Sur les rochers mouillés tu inscrivais mon corps
Je dévoile furtive le sourd désir de toi
de nous ,de moi, de toi j’écris le livre
Qui jamais ne dira , notre amour défini.

SARAHLOUP

DANS LA LENTEUR DE L’ECRITURE

une jonque au soir sur les marécages au Tamil Nadu

écrire est un acte de liberté, quelques pêcheurs regardent passer une jonque au Kerala

Ecrire est un acte de LIBERTÉ !

Mais écrire est aussi pour moi, un exercice de lenteur.

Habituellement, je suis plutôt rapide, très rapide, trop rapide . Quand mes enfanst étaient petits, je m’agaçais quand ils ne comprenaient pas au quart de tour ce qui me paraissait, évident.  J’ai du être infernale avec eux, parfois , ils le savent et j’en suis désolée !

Paradoxalement, dans mon métier, je suis extrêmement patiente, je peux attendre longtemps,très longtemps pour parvenir à quelque chose, et même accepter de ne pas y parvenir ! Quand j’écris, je me suis rendue compte que cette excitation, qui me saisit parce que je pense comprendre tout, tout de suite, est néfaste . Rassurez- vous je suis passée par des phases où je ne comprenais rien, mais rien du tout, jusqu’à perdre ma propre langue !Ce qui était tout sauf confortable !

On n’écrit pas dans l’excitation et la précipitation. Au contraire, j’écris dans l’étendue du ciel dans lequel je m’immerge, dans la sensation de liberté et d’ivresse d’une plage infinie , ou dans les yeux émerveillés d’un enfant ou l’étendue chavirée d’un amour !

Donc pas d’excitation et pourtant !

L’écriture, parfois me transporte loin, très loin de tout, alors, je suis saisie d’une excitation qui me dépasse, et souvent me déborde. Secrètement je me dis :”chut.. du calme..” et je tente de réfréner mon désir d’écrire et l’exaltation qui en découle. L’excitation est là, secrète, intense, une ivresse, un vertige. Je retiens encore un peu les chevaux mais ils piaffent , renâclent, secouent la tete, bientôt je vais lâcher les chiens et ils m’emmèneront loin, très loin de l’autre côté du monde , dans les plaines neigeuses, les pages infinies, vers les étoiles, la voie lactée et les mondes inconnus de mes rêves et de mon imaginaire, loin là bas où je peux galoper en toute liberté et, j’espère quand je reviendrai vous  emmener avec moi …

Bonne Journée

SARAHLOUP

DE L’AUTRE CÔTE DU MONDE

OMBRE ET LUMIÈRE À BARCELONE

OMBRE ET LUMIÈRE DANS LA CATHÉDRALE DE LA SAGRADA FAMILIA À BARCELONE

 

De L’autre côté du monde

Je suis tombée de l’autre côté du monde
Dans un vide où les mots s’absentent
Et fuient dans le noir
D’une nuit sans lune
Par
La porte fermée de mes rêves blessés
La porte de Soulages
Presque noire, pas tout à fait
Un soir d’orage, le ciel en cage
Déferle sa rage
Sur la terre des hommes
Laboure le temps au vent mauvais
Les chiens hurlent à la mort,
Il fait nuit à midi,
Tout s’arrête
Attendant la pluie
Descend la rose, courbe l’échine
Lourde des pleurs du monde
Attendant que l’orage s’abatte
Au gris de Soulage
Sous un porche d’ église
Les gouttes ont lavé les rires des enfants.

SARAHLOUP

TARATATA, MAM’SELLE SCARLETT !

un instant d'éternité suspendu entre deux mondes

ce moment étrange entre enfance et adolescence où la fragilité et la candeur se mélangent pour donner la beauté

“Taratata..mamselle Scarlett..”, n’est pas la reprise d’une émission de télévision, mais un extrait du roman  “Autant en emporte le vent” de Margaret Mitchell et du film éponyme (http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18739973&cfilm=27782.html) qui met en scène, un couple qui se déchire sur  fond de guerre de secession, aux Etats-Unis.

J’aime les couples de damnés, au cinéma et en littérature. Rett Butler et Scarlett O’Hara, les amants de légende, Clide Barrow et Bonnie Parker, les amants psychopathes, Roméo et Juliette, les amants  enfants maudits.

A Biarritz, à Anglet, plus précisément, il existe une grotte que l’on appelle “la chambre d’amour”. C’est une grotte marine, où l’on raconte qu’un couple illégitime serait venu se réfugier, un soir de tempête, pour se retrouver à l’abri de tous. Mais les eaux ont monté et les amants imprudents, sont morts noyés, prisonniers de la grotte envahie par l’eau à marée haute !

Ma grand-mère me racontait qu’on aurait retrouvé leurs corps sans vie, au petit matin ! J’avais 9-10 ans et, impressionnable, je ne retenais de l’histoire que le destin tragique des amants, duquel je concluais qu’ on ne pouvait que finir tragiquement si l’on s’aimait ! j’étais une enfant, j’avais presque l’âge de Roméo et Juliette, les tristement célèbres amants de  Vérone, morts eux aussi d’avoir trop voulu s’aimer.

Les amours enfantines sont les plus intenses et les plus tragiques. Il me semble qu’ on n’aime qu’une fois comme à 10 ans, totalement, intensément, violemment. Ma prochaine Novella raconte ça,  une histoire amour intense et absolue, entre deux enfants, réunis autour d’un même manque, qui vont s’aimer et s’enfuir sur les routes pour aller chercher… vous découvrirez quoi…

Mais, peut-être existe-t-il  des amours d’adolescence, qui ont cette intensité si particulière parce que teintée du deuil de l’enfance ou des amours adultes qui gardent, cette force.

Je n’ai pas encore  trouvé de titre à cette nouvelle, pour l’instant intitulée “l’hôtel blanc”, qui pourrait s’appeler “mourir d’aimer”, sauf qu’ils ne meurent pas;  c’est juste l’enfance qui meurt, une partie de l’enfance, tout au moins, celle qui va basculer dans l’adolescence.

Car l’enfance est immortelle pour ceux qui la protègent en eux comme le trésor qu’elle est, un réservoir de sensations , de poésie, d’histoires, de musiques, le graal des créateurs,

Poètes, musiciens, troubadours, du monde moderne,

Cherchez dans vos sensations enfantines le réservoir de votre créativité, exhumez les souvenirs d’enfance pour y puiser la perle rare qui tissera votre récit et lui donnera cette teinte inimitable et qui n’appartient qu’à vous.

L’enfance est le terreau où poussent tous les livres et les histoires magiques!

Dès que j’ai fini la mienne, -d’histoire pas d’enfance, celle-la je la garde-, je vous le dis et vous pourrez la lire sur kindle !

Bonne semaine !

SARAHLOUP

 

 

UN AMOUR DE FRÈRE !

A CUBA, UN ANGE INDIQUE LE NORD

a cuba, une statue nous indique la direction

Elle est en nage. Les jambes écartées, les pieds enfoncés dans le étriers, elle s’arcboute, pour pousser et hurler en même temps, en une confusion de sensations qui explosent et culminent en un paroxysme de fèces et d’urine mêlées.
La sage-femme, rapide et efficace, lui présente le bassin à chaque fois qu’elle déféque, et à chaque fois, Sophie pense sa dernière heure arrivée.
Le bébé joue au yoyo. Il descend, s’engage dans le col de l’utérus, juste un peu, puis une fois qu’il fait trop mal à sa mère, remonte, comme effrayé par ce qu’il met en action.
Cela fait huit heures que ça dure, Sophie pense ne pas pouvoir tenir davantage.

Le médecin accoucheur, prévenu, a fait savoir qu’il est à un tournant important d’un tournoi de golf , et qu’il ne voit pas pourquoi il interromprait une partie par ailleurs passionnante, sous prétexte qu’un petit con a décidé de l’emmerder dès sa naissance.
Il pense souvent, qu’une naissance compliquée, augure mal du reste de l’existence du pauvre hère qui s’annonçe, et il ne voit pas pourquoi il contribuerait à le mettre au monde.
En résumé, le docteur pense que plus sa présence s’avère indispensable, plus cela augure mal de la vie du nouveau né.
Donc, il a décidé de ne plus laisser les petits emmerdeurs diriger sa vie. Dans cette histoire, il a oublié avoir été formé pour ça.
En l’occurrence, la sage femme pense que si il ne vient pas rapidement, la patiente risque de fortes complications et, au pire, d’y laisser la vie.

Au bout d’un travail de plus de douze heures, le médecin, auréolé du nouveau prestige de vainqueur du tournoi de golf des plus de 55 ans du quartier de Monbassa, pénétra d’un pas pressé dans la chambre de la parturiente.
Sophie , dans un état de semi conscience, entend la voix masculine du médecin, lui dire :
« allez ma petite dame, on ne mollit pas, on pousse, je vois sa tête, à ce petit con, c’est bien un garçon, au fait? »
Sophie doute de ses sens et pense être abusée par la souffrance et la fatigue.
Au bout d’une poussée herculéenne, avec l’aide conjuguée du médecin et de la sage-femme, le bébé, sort hors du ventre maternel, il ouvre les yeux, cligne des paupières et échappant aux mains nappées de gants gluants et froids qui l’accueillent, se précipite à l’intérieur du vagin dilaté de sa mère pour disparaitre dans la matrice sanguinolente.
Sophie hurle, le médecin tend les mains, en un geste désespéré et tardif pour retenir le bébé, la sage-femme, laisse tomber le scalpel, prêt a sectionner le cordon qui disparait à la suite du bébé fugueur.
Du coup, le ventre de Sophie, un temps soulagé et redevenu normal, redevient énorme, et distendu. On peut suivre la progression du bébé sous la surface de la peau, aux ondulations qu’il fait subir à l’épiderme maternel .
Sophie se renverse en arrière et dans un hurlement, perd connaissance.
Le médecin, recouvrant l’usage de sa voix laisse échapper un «  ah le petit con,non mais il va voir de quel bois je me chauffe, Hélène, scalpel s’il vous plait, appelez moi le bloc, on la monte, césarienne dans huit minutes! »
Heureusement, le père de l’enfant a eu la bonne idée, de privilégier son travail aux souffrances féminines. IL est actuellement en Norvège, donnant une conférence sur les modifications du changement climatique, inconscient de ce qui se joue entre son bébé et l’obstétricien.
A l’intérieur de la matrice maternelle, l’enfant retrouve l’éclairage tamisé , légèrement rosé, les bruits atténués, les voix assourdies, le portage de l’eau, le clapotis des ondes maternelles.
Epuisé par sa tentative de naissance avortée, il se love contre le corps de son jumeau et s’endort.
Le jumeau, dérangé dans son balancement quotidien, ouvre un oeil, se laisse aller contre le corps légèrement froid de son frère.
Vu de l’intérieur, il est plus petit, plus rablé, moins robuste que son frère, qui a pris toute la force et la rondeur que sa mère lui a donné.
L’autre est un avorton.
Il n’a pas pu sortir derrière le corps plus large de son jumeau, et en conçoit du dépit et de la colère.
IL sait que personne n’a eu vent de son existence, et est bien décidé à en découdre notamment avec ce médecin prétentieux et négligent qui a laissé son frère fuir devant ses responsabilités.
Lui, petit mais robuste, est bien décidé à les affronter, voire à les provoquer ; se battre avec ce chirurgien de pacotille ne lui fait pas peur : ’il est sûr de l’appui inconditionnel de la sage femme, sûr que la gent féminine ne se laissera pas faire, face aux manoeuvres déplacées du machisme déguisé du patron du service.
Il a partagé la matrice pendant neuf longs mois, a laissé la primeur à Robert , la préséance, le privilège d’ainé sur tout ce qui se présentait, les nutriments, la place près du poêle, une place prioritaire pour sortir le premier, ce qui dans les transports en commun du ventre maternel l’oblige à mille contorsions et à mille arrangements.
Au final, il est frustré, coincé , la tête écrasé par le diaphragme, la respiration coupée à chaque mouvement de leur mère.
Robert, en pole position pour la sortie, par rapport à son frère, s’épanouit, grossit à vue d’oeil, floride et benêt, reconnaissant envers son frère de tous les sacrifices consentis, ce, dès avant de naître!
Robert a l’avantage de l’ainé. Josuha, frustré et revanchard, le déteste chaque jour davantage. Il fourbit ses armes et sa haine, espérant une vengeance prochaine, et attend son heure
Aussi laisse-t-il Robert, s’endormir, épuisé par sa tentative avortée d’entrée dans le monde des hommes.
Josuha veille.
Dès qu’il se rend compte que le chirurgien a décidé de passer à l’attaque, il se rencogne dans son coin, laissant le plus de place possible à son jumeau.
Lorsque le scalpel déchire la poche placentaire, il bande ses muscles ramène ses pieds au niveau du menton,et, au moment où le médecin vient chercher Bob, il détend ses muscles et projetant ses jambes en avant, dans un coup de pied violent, envoie son frère se fracasser sur le sol de la salle d’accouchement.
Un silence accueille la chute brutale du bébé, qui atterrit sur le sol en se rompant le cou, mort .
Sophie est inconsciente, endormie, sur la table d’opération, livrée aux mains expertes du chirurgien golfeur.
La sage femme retient une exclamation de surprise, aussi tôt couverte par le juron de l’obstétricien, « merde! il y en a un deuxième! »
La sage femme regarde son patron.
Un sourire sardonique se fait jour sur les traits grossiers du médecin.
Il fait un clin d’oeil à son assistante et en un tournemain, jette le petit corps bleui dans la grande poubelle médicale, qu’il s’empresse de fermer et de marquer des bandes adhésives spéciales : «  danger, contagieux à n’ouvrir sous aucun prétexte. »
En pleine période de peur panique d’une pandémie du virus Ebola, il n’y a aucun risque que le sac soit ouvert.
Personne ne connait l’existence du second jumeau, qui peut donc aisément passer pour le seul enfant issu de cette césarienne, pratiquée d’une main de maitre par le meilleur obstétricien golfeur de la clinique.
Il se tourne vers la sage-femme pétrifiée. Et dit d’une voix de basse à peine voilée d’une menace contenue :
« Ecoutez, c’est son troisième enfant, elle n’a que faire de deux jumeaux, on ne lui dit rien, ni vu ni connu, personne ne saura sauf vous et moi. je serai une tombe, je peux compter sur votre discrétion, Madeleine? »
Abasourdie,habituée à s’associer aux décisions de son patron que personne ne conteste jamais dans le service, elle hoche lentement la tête, tentant de chasser de sa mémoire, la vision pitoyable du petit corps atterrissant sur le sol en carreaux blancs rougis de la salle d’accouchement .
Elle scelle ainsi, le secret du destin du bébé meurtrier.

Ils regardent les souhaits de prénoms de l’enfant : Robert !
Quelle drôle d’idée, le deuxième prénom, Josuha.
le médecin, légèrement fatigué par sa nuit de veille mouvementée, hoche la tête et inscrit l’heure de la naissance, marquant Josuha sur la fiche provisoire.
Puis, il sort de la salle d’accouchement et croise dans le couloir, le père qui vient juste d’arriver, d’Amsterdam.
« Ah! docteur ! tout va bien, tout s’est bien passé?
oui sans problème, la mère et l’enfant se portent à merveille, une césarienne sans histoire! »
Le père, pressé de retrouver son épouse est déjà en train d’entrer dans la chambre où repose la mère et l’enfant.
IL soulève le bébé, pour le regarder et le linge qui recouvre son visage se défait, révélant la présence d’une tache de naissance dont le contour fait penser à un visage d’enfant qui , à travers l’épiderme du bébé, regarde son père avec ce qui semble à Richard, comme un air de reproche.
Réprimant un sentiment de malaise, il repose son fils et se tourne vers sa femme qui s’éveille juste de son anesthésie. IL dit :
« bonjour ma chérie, il faudra faire enlever sa tache de naissance à notre fils c’est disgracieux, mais il est magnifique. j
J’ai réfléchi, que dirais-tu de l’appeler Josuha et non Robert comme nous l’avions décidé,? Je préfère pas toi?
Sophie ouvre les yeux et à moitié encore dans les vappes, sous l’influence du puissant narcotique utilisé pour l’endormir pendant la césarienne, hoche la tête et se tournant du coté du bébé, se rendort sans voir le sourire de satisfaction se faire jour peu à peu, sur les lèvres saines et bien dessinées du nouveau né.

SARAHLOUP

“IL FAUT QUE TU DONNES L’EXEMPLE” !

vous avez dit bizarre

un génie créatif

Hier, quelqu’un avec qui je travaille m’a dit : “il faut que tu donnes l’exemple“! beurk..Je déteste ces remarques, genre “je vais te donner un bon conseil“..

Cela déclenche immédiatement, chez moi, une envie de fuir ou de hurler, en l’occurence je n’ai ni fuit, ni hurlé, mais j’ai réfléchi .

Pourquoi,  dès que j’entends une chose comme ça est-ce que je me braque de tout mon long ?

Ah oui la culpabilité ! la culpabilité est en embuscade, et je n’aime pas la culpabilité car elle me fait faire de drôles de choses, que je ne contrôle pas toujours . D’abord elle est vraiment moche ! Genre les nouveaux monstres, une gueule d’enfer, édentée, avec des verrues, comme une vieille sorcière, ou alors au contraire, elle est comme Falbala,, super bimbo, un peu blonde quand même, séductrice en diable, et je tombe toujours dans ses panneaux !

Et vous, elle est comment votre culpabilité : moche ou plutôt jolie ? De quelle couleur est-elle : rose, bleue, noire ? Elle est plutôt du soir ou du matin, avec votre patron ou avec votre chéri ? Pardon je m’égare, mais il vaut mieux bien la connaitre si vous voulez la neutraliser, et puis j’oubliais : “il faut que je donne l’exemple!

Pas de bol ! tout au plus, éventuellement, si personne ne veut le rôle, puis-je servir de guide, mais j’ai un tel sens de l’orientation que je ne sais pas où atterriraient ceux qui auraient l’idée saugrenue de me suivre !

Facile, me direz-vous, il suffit de donner le “mauvais” exemple, un contre-exemple et le tour est joué ! mais non, parce que mon problème c’est que je ne veux pas donner un quelconque exemple, d’ailleurs croyez moi il vaut mieux pas ! et face à ce genre de discours un tantinet moralisateur, je suis “comme une poule qui a trouvé un couteau”, là,  j’adore ce genre d’expression.

Vous imaginez, dame poule, dodue et maline, la préférée du coq, (attention ça va devenir sexiste!), qui trouve un couteau. Que va-t-elle en faire?  trucider ses rivales, évidemment, surtout la dernière arrivée, celle qui est toute svelte et brunette !  Ca va foutre le bordel dans la basse-cour . Elle risque de se retrouver à la cocotte, si un quelconque collègue fait de la délation ! tout ça pour “faire un exemple”, non, je vous le dis, fuyez les exemples car cela vous conduirait à en faire un et ça ce n’est pas bon …

Pas d’exemple donc, ou alors le mauvais car on vous laissera en paix et les moralisateurs iront voir ailleurs ! quant à faire un exemple ça ne vaut pas mieux !

Non écoutez moi, pas moyen d’y échapper :  restez singulier(e), restez vous même, un peu seul(e), sans doute, mais fuyez comme la peste les ayatollahs de l’exemple. En ce moment, les ayatollahs n’ont pas le vent en poupe, à juste titre, me semble-t-il, car des exemples ils en font, et ça sent l’extrémisme et l’intransigeance.. fuyez ceux qui veulent  des exemples , cherchez en vous même vos propres exemples, ils sont là et vous ne les voyez pas, regardez vous autrement, juste une fois, allez cherchez dans vos “zones d’inconfort”, faites vos propres expériences, même si vous pensez “échouer”, ce qui, au passage est tout à fait relatif comme notion, voire totalement erroné, mais ça je vous en parlerai une autre fois .

Sans donneur d’exemple, peut-être avec un guide mais pas pour tout le voyage, je vous rappelle que Gandalf meurt dans le seigneur des anneaux, et que nos héros sont seuls pour aller jeter l’anneau.  Vous serez surpris de vous découvrir autrement, différemment, plein de ressources, que vous ne soupçonniez pas…Foin d’exemple ou alors ceux des héros, des contes ,des légendes, des histoires, des mythologies, des pièces de théâtre, eux sont là pour ça, être des exemples , qui nous aident, nous soutiennent et nous accompagnent sur la route . Pour vous, sans doute,

tracez votre route, un peu seul sans doute, mais beaucoup plus libre aussi,

inventez vos propres héros, puisez dans les histoires , la mythologie, l’art, pour trouver votre propre vérité et comme le dit si joliment Valentine Goby ” inventer le monde en puisant en lui !” et

devenir vous même

Bonne journée !

vive ces d’jeuns! – part 2-

 

ah ces djeuns !

un lendemain de soirée ?

De, “c’est la fin de ta vie man!  à swag : acronyme de “secretly we are gay”, ou thug dont m’abreuve ma fille qui dit que je suis  : “thug”; ce qui veut dire tout et n’importe quoi, mais surtout que je ne suis pas comme eux ! ou si, mais que le passage dans leur monde est là ; un passage dans un monde, un peu branché, un peu “thug”, souvent à l’affut mais pas que, dans l’air du temps, déconnecté, un peu à l’ouest, un peu ailleurs un peu à côté..connecté, pas comme eux c’est sûr;  plutôt instagram, qu’amstramgram, plus de tweet, moins de face-book, plus de snapshat, moins de voitures ou de CO2, plus de photos, plus d’instantané, bref  plus de “plus tu me suis, plus on se like… plus late si tu veux…je reviendrai ou pas…

Des jeux de mains en mal de twit, aux jeux de soi en mal de moi ou aux jeux de lui en mal d’elle, il n’y a que quelques pas, que je ne franchirai pas ou alors de façon non autorisée… par eux.

Eux ces djeuns qui jouent avec la langue, nous amusent souvent et nous surprennent toujours !

“Donne me le…” ,”tiens voilà une mandale !”, “vous avez une chocolatine s’il vous plait”, décrochages immédiats pour une langue venue d’ailleurs, à l’usage non autorisé , tellement chantant, mais ça c’était avant !

Alors les djeuns , là-dedans se moquent bien de l’accent circonflexe disparu ou pas, rabotent, inversent, détournent la langue de tous les jours jusqu’à en faire une langue connue d’eux seuls et qui détermine si on en est ou pas !

“té teubé ou quoi ?” a ma préférence j’entends un tuba, une plongée sous marine dans les épaves de la langue avec les poissons , les oursins et le sirens comme compagnons de route. J’imagine les djeuns en gros godillots comme ils les affectionnent, ou au contraire en adidas tendance version trash, tenter de me suivre par de là les mondes…

j’aime bien aussi “c’est mort”, sentant que la mort n’est jamais très loin, ils la réintroduisent en une interjection qui ramène la vie,  le “c’est mort” prononcé en exagérant l’intonation, me fait sourire dans ce qu’il engage de vital.

Dans un “c’est mort man”, je vois deux ados courir en riant parce qu’ils ont chipé des sous vêtements de femme qui séchaient au soleil, comme dans les films d’Etore Scola..genre “affreux, sales et méchants ” par exemple, mais là encore c’était avant !

eux sont l’actuel, le présent en continu, génrération “numéric native”, génération bataclan aussi !

La langue des djeuns me ravit, m’envoie au paradis des mots, celui des poètes et des romanciers, le seul qui vaille la peine de…mourir/vivre pour lui , car comme dit le poète  :

“je t’aime à en mourir mais c’est un peu aussi pour en vivre !

Vive eux les djeuns !

SARAHLOUP

 

“LE MOMENT MAGIQUE…”

un moment magique où l'enfance s'immobilise

la fille du vent m’a raconté son histoire…C’EST L’HISTOIRE D’UN INSTANT MAGIQUE

“Quand toutes les feuilles des arbres semblent se mettre à parler

Quand on peut voir le soleil se refléter dans chaque flocon de neige

Quand on perçoit chaque détail de la peau, toutes les nuances du bleu du ciel, la texture des arbres, les formes changeantes des nuages…”

C’est le moment magique où Dieu aparait…

(Alexandro Gonzalez Inarritu  / paroles tirées du numéro de février 2016 de Première )

Le réalisateur en lice pour les oscars raconte le tournage de son dernier film,” the revenant”, dans des conditions extrêmes, dans la neige et le froid, avec une nature hostile. Des conditions de tournage, comparables à celles d’Apocalypse Now dont on sait que cela a failli tourner au désastre, ruinant le réalisateur, F. Ford Coppola, et compromettant le fragile équilibre psychologique de certains des acteurs.

Ce moment de grâce dont Inarritu parle quand, avec son chef opérateur ils partent tourner en lumière naturelle dans la nature sauvage, qu’ils n’ont que deux heures pour tourner les plans, qu’il faut faire vite, rassembler tout son savoir faire, sa dextérité, tout son art, au service d’une création, n’est-il perceptible à chacun d’entre nous ?

Un matin, l’aube se lève dans une lumière rougeoyante, une nuit, on marche seul(e) ou avec son amoureux(se), dans la ville mouillée sous la pluie, un rayon de lune transperce la brume, une goutte de pluie révèle l’ourlé de ses lèvres, une mèche de cheveux s’envole et il/elle, sourit, un papillon s’éloigne à tire d’aile, une vague se brise et l’arc en ciel apparait dans l’écume et le vent …une fragile immanence .

Ce moment de grâce où Dieu apparait ne serait-il pas cet instant magique d’équilibre,  une sensation de bien être, où, l’on se rend compte de sa place dans un univers dont la beauté nous émerveille et dont on ressent soudain la magnificence et la fragilité.

L’évanescence du monde en un instant.

Chaque artiste, chaque cinéaste, chaque acteur, chaque poète, chaque homme, chaque femme peut ressentir, cet instant où le monde en équilibre sur un fil révèle soudain sa fulgurante beauté…l’immanence du monde et de l’instant !

Je n’ai pas encore vu le film dont parle Inarritu, mais je voulais partager ce dont il parle avec vous ce matin,

Bonne Journée !

SARAHLOUP

 

LES NENUFARS ?

 

hier je tombe sur ce tableau du plasticien Wilo

un tablau harmonieux de lettres par wilo wilo_is_good@msn.com

Il parait que les nénufars vont s’écrire avec un F comme les fleurs ou les femmes, au lieu des nénuphars comme des phares ! Oignon s’écrira ognon, l’ognon paraitra-t-il moins savoureux ou triste, s’il ne rit plus sans son “i”, et la sauce sera-t-elle moins gouteuse sans son accent ?

2600 mots, vont être changés, relookés, modifiés, soldés peut-être .

L’académie française a décidé de simplifier l’orthographe de certains mots, comme nénuphar dont le PH vient du persan, et non du grec, si certains avaient l’envie de s’en assurer. Quoi qu’il en soit j’aime bien le nénuphar, sa fleur blanche et capiteuse au parfum lourd et sucré sauf que le nénufar n’a pas d’odeur ! J’aime jouer avec les mots.Lles pièges orthographiques recèlent des mystères intrigants, sans compter les jeux radiophoniques délétères et obsolètes qui y puisent nombre de questions.

Dîner sans accent ouvrira-t-il davantage l’appétit? On bien l’hôtel sera-t-il plus accueillant, et la taulière plus avenante pour les amants de passage ?

“je suis sûr, ta soeur, elle va bien ou je suis sur ta soeur, elle va bien ” un petit accent et l’avenir du monde , enfin de ta soeur en est changé…

On ira chez le pâtissier manger des gâteaux qui seront sans doute insipides sans leur accent , et l’homme sans intérêt peut-être , que serait Marius s’il parlait comme un parisien ?

L’abîme sera-t-il moins profond, moins abyssal sans son accent ou son Y !

Le tréma de volapück va disparaitre, vous me direz qui sait ce qu’est le volapück ? un animal genre ornithorynque, une fleur de papier comme le bolduck , un lieu improbable peuplé d’aborigènes anthropophages ? non c’est un langage administratif abscons, et inintelligible, la chose administrative en général !

J’aime les mots et leur sonorité. Un jour je suis allée rencontrer un professeur d’ l’université, juste parce que j’aimais son nom qui sonnait d’ailleurs, et me faisait penser aux fantasias et aux hommes amoureux des chevaux. Lui n’avait rien à voir avec eux quoi que, il venait du sud et nous avons fait un long parcours ensemble!

L’âme sera-t-elle moins noire et l’âne moins bâté, sans l’accent. Un accent ce n’est rien du tout juste l’ombre du S qu’il remplace et qui a disparu, une lettre pour faire le pont avec notre histoire et nos ancêtres, un S qui sonne comme un serpent ou le sifflement de Kaa, la perfidie pour un S. Ca donne une idée de l’infini et du temps.

J’aime la façon dont les djeuns jouent avec le langage (cf  http://sarahloup.com/2015/11/13/ah-ces-djeuns-part-1/ ah ces djeuns !)

la façon dont ils le triturent et le torturent, genre ta meuf man!  swag, (secretly we are gay) ou  thug dont je cherche encore à définir le sens, mais il ne faut pas, ça ne sert à rien.  Il faut juste partir sur la barque des mots, se laisser aller à la dérive de la langue, au risque et au plaisir de s’en saouler !

Alors académie ou pas au fond peu me chaud, on s’en fiche, peu importe,

La langue jouera toujours avec les mots, les poètes avec les sons, les chanteurs avec les rimes, ou vice versa…

AU POINT D’ EN RIRE

Elle te regardait avant le point du jour
Le désir de l’amour avant l’amour même
Avant le point du jour
Avant les nénuphars
Phares du point du jour
Phalanstères persanes

Persiennes parisiennes  ou
parias amoureuses

Fleurs rouges capitonnées
Canapés désirants de saveurs automnales
D’un rock insubmersible au regard de nous
ou de l’azur désespérant
S’inscrire au lit du temps
S’inscrire au point du jour au point de l’amour
Au point de non retour
Au point zéro…
Au point de partir
Au point de revenir
Au point de dire et ne pas dire
Au point de rire au point de capiton
Au point de disparaître
Au point de mourir de toi
Ou de vivre de rire
Au point de toi et moi…

SARAHLOUP

LA LUNE ET LA ROSÉE

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La lune au matin a murmuré à la rosée de ne rien dire au vent du sud
Des rêves des étoiles,

La lune a disparu derrière l’équateur
Elle s’en est allée chercher le vent mari
La lune est reparu au dessus des nuées caracoler avec le vent du nord
Les étoiles sont descendu sans queue ni tête en un cortège au vent d’est
Les rêves des comètes ont envahi la terre en une farandole
Seul le sable a lu le livre des étoiles et les baleines au fond de l’eau
Ont descendu les fleuves intranquiles sur des navires en pagaille
Que des aborigènes canailles ont terni au levant

J’ai regardé la face cachée des anges, et ta bouche gourmande

Embrasse-moi ,que veux-tu, que sais-tu des amours clandestines

Des anges et des démones , au matin les anges ont disparu

Sais-tu ce que disent les marmottes à la montagne blanche

Avec le vent du sud qui emporte les anges …

Sarahloup

 

 

LA VILLE SOUS LA PLUIE

http://pin.it/qU5yBhT

L’heure bleue est tombée sur le monde
Je t’ai regardé, tu m’as souri
La pluie tombait sur la ville
Tu marchais au bord de l’eau
Les chiens jappaient dans la lumière du soir
Les lampadaires un à un se sont allumés
Et la ville s’est mise à briller sous la pluie
Nous sommes rentrés, nous nous sommes aimés
Je t’ai regardé dormir au bord du feu
L’odeur âcre du bois mouillé qui chuinte et craque
Les chiens roulés en boule au creux de nous
Toi , moi et le reste du monde

SARAHLOUP

une soirée avec thomas

Ah, ce Thomas, la verve de son père, la beauté élégante, d’un dandy gipsy! Ah oui, c’est vrai, vous ne savez pas, j’ai passé une soirée avec Thomas Dutronc et ses musiciens manouches, pour un concert de deux heures, qui ont filé plus vite que les notes de leurs guitares.

Est-ce que c’est leur évidente complicité, sa bonne humeur , sa gentillesse, le plaisir qu’il partage avec son public,  sa une présence chaleureuse et discrète, un rien du dégingandé paternel sans le léger dédain de celui-ci. Au contraire une chaleur et une proximité chez Thomas comme pour s’excuser d’être le fils de et de faire lui aussi de la musique. Sa musique. Car indiscutablement il est lui même un excellent guitariste manouche, un saltimbanque, qui emprunte à Aragon ses vers, aime Paris et la Corse, ne sait pas qui il est, “qui je suis”,  et nous emporte avec lui, derrière les notes débridées, tout autour de la terre, en une farandole qui sent bon l’herbe coupée, l’envie d’aller voir ailleurs, les danses gitanes le rire et les feux de camp.

Facile direz-vous pas tant que ça, mais évidemment je suis fan donc inconditionnelle!

Thomas Dutronc a l’élégance des grands , la modestie et le charisme en plus. Il est très beau, très talentueux ce qui ne l’empêche pas de donner tout de lui en ce concert exceptionnel !

Une très bonne soirée et un excellent concert, il est actuellement en tournée dans toute la France, à voir absolument .

SARAHLOUP

UN PONT VERS NULLE PART

Costa Rica 2015 / la forêt de nuages

LES MOTS DU TEMPS

Les mots comme des barques s’écoulent lentement
Les mots comme les barques glissent sur le temps
Où es-tu mon amour perdu dans les nuées
Mes larmes ont l’amertume des amours décimées

Les mots tournent en boucle dans ma mémoire éteinte
Dis moi où est ta route en dehors du chemin
Qui mène aux amours mortes que la rivière étreint
Et les arbres murmurent aux lianes ophéliennes

Voici venir le temps, des pleurs et des murmures
Aux âmes désserties le temps est inconstant
Voici venir le temps des amours évanouies
Les âmes tourmentées vivent sans leurs parures

L’Automne s’embourgeoise aux oriflammes d’or
Les cendres ont disparu, la cheminée éteinte
Siffle au vent du nord de passer son chemin
Aux âmes des défunts glissent les mots du temps

SARAHLOUP

LA COUTURIÈRE À LA VANILLE

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LA COUTURIÈRE À LA VANILLE

Ce matin, je vais chez la couturière. J’adore aller chez elle. Elle est toute ronde, jeune , brune, piquante ( normal pour une couturière) et toujours de bonne humeur .

Son fils regarde des mangas. Il me jette un coup d’oeil indifférent, presque blasé. Je sais bien qu’elle recoud les vêtements , mais moi, j’imagine qu’elle fait des madeleines , à cause de son odeur sucrée. Elle sent nougat, la vanille, le chamallow presque le malabar,  l’enfance.

Elle me raccompagne, souriante. Sur le pas de la porte, serrant frileusement sa veste en laine blanche, autour d’elle, rêveuse, elle regarde la brume. Elle se retourne, se ravise, et me demande le métier de l’homme de ma vie dont ça fait la 5ème veste usée aux coudes que je lui porte !  eh oui, écrire ça empêche de raccommoder les vestes voyez-vous ! ça empêche aussi de passer régulièrement l’aspirateur , ou de chasser les toiles d’araignées !

  • “médecin pourquoi?” lui réponds-je
  • parce qu’il use ses veste aux coudes dit-elle en me regardant, soudain complice
  • ah ?
  • oui, les architectes usent leurs vestes aux poches
  • parce qu’ils mettent leurs crayons dedans ? je me demande si, à l’époque informatique les architectes ne mettraient pas plutôt des poches de bonbons dans leur vestes; j’imagine les architectes gourmands comme elle .
  • ah !

je sors en me demandant où j’use mes vestes, moi ? à la tête mais ce serait des bonnets que j’userais, au fond des pantalons et je pense aux pièces de cuir qu’on mettait aux pantalons des hommes dans les Landes de mon enfance ..mais non ou si peut-être que j’use… les autres !

Quand je cherche un titre, une phrase, une rime, que j’ai peur d’être trop seule, que je suis dans la lune, ou que je pique une colère aussi terrible que courte, et que la grande maison dans laquelle je vis est de mauvaise humeur parce que je ne l’écoute pas ou que je la néglige…trop occupée à attraper mes histoires au clair de lune, à écouter le vent du sud, ou à chercher si, parmi les gouttes de pluie ne se cacherait pas un mot …

Les choses aussi s’usent aux coudes .

Mais  vous, savez-vous si une couturière des autres ça existe ?

SARAHLOUP