REUSSIR ?

un regard d'enfant

Pour un regard d’enfant, au Sénégal, dans le détroit du salun

 

“La réussite consiste à aller d’échec en échec avec enthousiasme” W.Churchill

Ah réussir  qui ne voudrait pas réussir ! mais qu’est-ce que ça veut dire au  fond ?

Devenir écrivain célèbre,  connu ou reconnu, écrire pour ses proches, réussir à écrire une ligne, une page, 20 pages, une nouvelle, un roman , une oeuvre ?

Réussir ses examens, réussir à trouver un boulot, réussir à trouver l’amour de sa vie, réussir à avoir un enfant, puis un deuxième, un autre encore ou non finalement à quatre on est bien, avoir une maison, une famille, partir sur les routes, revenir ou pas, rester ailleurs…

Réussir une photo, un film, capter un regard, traduire une émotion, dire ou taire..

Je n’aime pas trop les philosophes, j’ai tendance à considérer qu’ils se cachent derrière une pensée souvent oiseuse ou absconde .

Un jour mon fils m’a dit d’un ton quelque peu docte : “la philosophie ce n’est pas aider à vivre mais aider à mourir ” je ne sais plus quel philosophe a dit cela, mais c’est la même chose au fond !

Je préfère les poètes aux philosophes, je me retrouve davantage dans des vers que dans une pensée qui n’en finit pas, même si je peux comprendre la nécessité  absolue de la philosophie, surtout aujourd’hui. Je préfère rêver que disserter, je n’aime pas parler , même si j’aime les mots .

Et puis, j’aime les élipses, les racourçis,  les fulgurances, les images qui surgissent sur les pas d’un mot, au détour d’un chemin forcément de traverse . J’aime disparaitre et la poésie est l’art de l’invisible, de l’immanence, de la transparence.

Donc je n’aime pas beaucoup les philosophes mais quand même, la réussite ne serait-elle pas  quelque chose comme : devenir ce que l’on est  et là j’avoue, on touche un peu aux philosophes .

Alors la vie devient un jeu de piste où l’on cherche qui on est , et où chaque expérience est au service de devenir soi.  Qui on est change , bouge, mute, se transforme , varie. On cherche ce que l’on aime , ce que l’on peut concéder , ce que l’on refuse de lâcher car on lâcherait trop sur l’essentiel, ou ce qui est sans importance .

L’essentiel ?  mais qu’est-ce ?  un mot que l’on ne sait pas et qui s’écrit soudain sous la plume comme par magie, le regard d’un enfant qui s’émerveille, la flamme d’une bougie, le regard de l’aimé(e), le sourire de l’amant(e), une note qui s’élève dans l’air pur d’un ciel d’été, l’instant suspendu où l’on ressent l’équilibre du monde et où l’on se sent au centre d’un univers joyeux et intense, un rayon de lumière un après midi de novembre, une voix dans la nuit, un croissant de lune découpé dans la transparence bleutée de l’air du soir, la caresse d’une main qui s’attarde, le chant d’un rossignol juste avant l’aube quand la nuit blêmit .

L’intensité d’un instant, la fulgurante de l’aube, le baiser du vent du sud qui rend fou ou amoureux et brûle les villages de Corse, le frôlement d’un voilier qui passe au large et s’enfuit dans l’azur,  l’infini d’une goutte de rosée ..

Réussir ou aimer,  évidemment mon choix est fait mais sans doute ai-je trop tendance à réduire les choses, à ce seul mot qui contient l’ensemble du monde …

Bonne semaine

 

SARAHLOUP

 

“je crois qu’il faut mourir ,puis vivre puis mourir pour ne plus aimer mourir…

je crois qu’il faut aimer, magnifier..et vivre…

“je crois que le surgissement ne peut jamais venir là où il y a la peur, la haine, les armes et la colère…

“je crois qu’il faut se vouer à l’infini …

Louis Aragon

( exraitspoèmes lus par Guillaume Galliène / France Inter samedi 5 mars)http://www.franceinter.fr/player/export-reecouter?content=1248555

AIMER-2

Il y avait entre nous tous les bonheurs du monde
Et le ciel pour escorte et la nuit pour linceul
Il y avait avec nous les odeurs de l’amour
Ces heures qui égrènent les souvenirs enfuis
Le sable de ton rire
La pluie de ton regard et tes lèvres rougies sous l’ardeur des baisers
Il y avait la pluie qui crépite le soir, les lampes qu’on allume
L’enfant qui craint le noir et redoute les rêves
La bougie tremblée dans la trouée nocturne
Le chagrin soudain venu de nulle part
Et toi qui me sourit…
Au bleu de ton regard s’écrit l’azur des rêves
Basculent en cauchemar
Je voudrais tout te dire et je ne peux pas parler
Les mots sont écorchés avant que d’être nés
Et meurent sur mes lèvres lorsque je te regarde
Tout ton être remplit le livre de ma vie
Tout ton être descend sur les marches du jour
Sur le chemin du temps tu fuis a contre jour
Et demain se retourne au murmure caché
Une source de vie , le vent à contre temps
Un soleil détourné, l’espace de l’été
Sur les rochers mouillés tu inscrivais mon corps
Je dévoile furtive le sourd désir de toi
de nous ,de moi, de toi j’écris le livre
Qui jamais ne dira , notre amour défini.

SARAHLOUP

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2 Commentaires

  • Reply
    iotop
    16 avril 2016 at 10 h 51 min

    Bon jour,
    Réussir, pour ma part, est le fait, qu’à moment de sa vie, on se retourne et l’on voit ce qui est “construit ” comme par exemple : la famille, les enfants, ses amis mais aussi toutes choses qui nous permettent de dire que le chemin parcouru n’a pas été vain. Bref, un genre de bilan 🙂

    J’aime votre texte : “aimer-2”. Il y a ce relief dont chaque moment du phrasé, porte.
    Max-Louis

    • Reply
      sarahloup
      16 avril 2016 at 11 h 11 min

      merci beaucoup, je suis très touchée

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