un instant d’éternité
Parfois on voudrait immobiliser le temps.
Hier, un dimanche de septembre, une arrière saison au goût de figue et de raisin. Les vendanges dans le sud-ouest, le temps des instants parfaits. Née en septembre, j’aime le temps des cèpes, du bourru, des rires dans les vignes, de l’or des frondaisons, de l’éclat doré du raisin, des cris des vendangeurs qui s’apostrophent, de la hotte que l’on aperçoit, au dessus des rangs de vignes, hésitante. Et le temps file, malgré le soleil encore chaud, il faut faire vite, en cette saison, la pluie peut revenir, demain.
L’odeur des figues, celle, piquante et insistante du moût, les pieds des hommes et des femmes foulant les grains de raisin, le jus noir qui éclabousse et tache les jambes.
Ces hommes et ces femmes viennent de loin, parlent un dialecte catalan, mâtiné de roms, des hommes et des femmes au visage buriné par les travaux des champs, des hommes et des femmes au service de l’éclat fugace du raisin.
Le soir, ce sont de grandes tablées, la garbure et la daube qui tournent et remplissent les estomacs, les bras rompus de fatigue d’avoir trop coupé les grappes mûres.
Est-ce pour cela que j’adore cette saison, pour ce parfum inimitable, les bogues des châtaignes, la promesse finie de l’été, l’or du soleil , un dernier éclat.
Une’éclipse de lune en cette nuit, on a vu une lune rouge, une lune sang..
C’est le temps des vendanges, la fuite des jours, la fin de l’été, l’éclat déjà voilé d’un ciel encore bleu.
Un temps suspendu entre deux instants, deux éternités
SARAHLOUP