C’est la rentrée. Je me suis promenée dans les rues de mon quartier et j’ ai croisé la photographe. J’ai trouvé que la photographe de mon quartier avait vieilli.
Celle à qui j’ai porté mes premiers développements. Maintenant, je ne lui porte plus de photos à développer, pas parce que je n’en ai pas, parce que il n’y a plus de photos à faire développer ou beaucoup moins. A chaque retour de voyage je pensais qu’elle allait dérober un ou plusieurs clichés et les garder pour sa collection privée.
Il faut dire que la photographe de mon quartier est alcoolique, tabagique, un tantinet perchée et je soupçonne, homosexuelle, mais ça je ne suis pas sûre…
En ces jours de rentrée, vous me pardonnerez cette errance pour le moins inappropriée, et cette humeur badine, je suis un peu perdue car je n’ai plus d’enfants en âge de rentrer à l’école . La rentrée universitaire ce n’est pas la même chose. Une rentrée sans enfant à emmener à l’école, c’est se retrouver orpheline d’enfants..
Je ne sais pas si vous avez déjà éprouvé ça : être orphelin de ses enfants !
La photographe de mon quartier, vous l’aurez deviné n’a pas d’enfant ! je me suis souvent demandé si elle avait envie de dérober les portraits que les clients lui apportent et de se les approprier, pour avoir, faute de mieux, des enfants de papiers, des enfants en clichés, des enfants images..Comme les photos des autres, elle développe les enfants des autres ..en papier…
La photographe de mon quartier a les cheveux gris !
Mais, vous l’aurez deviné c’est juste elle qui vieillit, pas moi, car moi, je vole dans les nuages et dans les rêves . Les photos, même non développées, et les voyages, empêchent de vieillir . Dans les airs, ou dans les pays lointains, on cueille les nuages, et on ramène un peu de rêves avec soi pour les partager, avec ses photos…
Si si c’est vrai …Si, un jour, vous croisez la photographe de mon quartier demandez lui…
SARAH LOUP