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père

    Il était différent ..

    petit prince

     

    Il était différent.. Peu importe le diagnostic… Il était mon frère, mon compagnon de jeu, avec ce qu’il était de ses frasques, ses manies, ses idées bizarres, ses rituels, ses obsessions, ses peurs…
    Je détestais le lieu où il était , c’était loin et j’aurais préféré qu’il soit plus près de moi .

    Les adultes autour de nous en avaient décidé autrement. Un jour il est parti. Je me rappelle encore le silence dans la maison, les flocons qui dansaient dans la lumière, les bruits étouffés, et l’absence qui ce jour-là, s’est inscrite sur ma peau et dans le rire perlé de ma mère, qui dansait avec la vie, et qui s’est engagée, pour moi, pour lui, pour nous tous.

    Mon chien voulait sortir jouer, de ce jour,  j’ai toujours été accompagnée par un chien.

    Mon frère est revenu, les vacances, les week-ends. Ma grand-mère, ma mère, mon père tout le monde essayait de l’aider. Il était heureux avec nous, et il était heureux avec ses camarades.

    Les allées et retours, entre son Institution et Bordeaux ont commencé.

    Mon père vivait mal sa différence, ma mère faisait avec . Mon père ne supportait pas qu’il ne puisse pas être soigné, mon père ne supportait pas son impuissance devant ce qu’il était.

    Moi je l’aimais. Je jouais avec lui . J’ai apprivoisé la solitude, j’ai développé des capacités d’adaptation à n’importe quelle situation, je me suis coulée dans les vies et les maisons endormies des habitants de mon quartier. Avec mon chien, on visitait les maisons abandonnées.. on rentrait dans des caves, des endroits interlopes, des garages…J’errais dans le quartier en inventant des histoires et des contes, sur les absents qui le peuplaient.

    Et puis il y a eu les étés avec mes grands-parents, et mon frère, deux mois où nous partions seuls, dans une ferme, sans eau ni électricité, deux mois de maraudes, dans la nature à la ferme, dans la campagne béarnaise.. Le pied pour moi et mon côté sauvageonne ! On se lavait quand on y pensait, on était ailleurs toute la journée avec les bêtes et les gens, c’était simple et fantastique, avec les cascades, le vert des prairies, les vaches, les montagnes que l’on devine derrière, l’aube violette et le vent du sud !

    J’en ai rapporté des anecdotes, et des souvenirs de lui et moi, rassemblées dans un livre à paraitre…à la fin de l’année :

    “Le hurlement des Loups”

    BHP