Browsing Tag

insu

    “A notre insu…”

    IMG_0543_2

    “Je n’écris pas l’histoire des faits, j’écris celle des âmes”  Svetlana  Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015

    “Nous ne sommes jamais prêts pour ce que nous attendons” – Wild-

    “si tu me quittes, est-ce que je peux venir aussi ?” A. Bashung

    “Dans l’étreinte amoureuse de la traduction, les langues, comme les amants étreignent ce qu’elles ignorent”  Paul Valery

    Nous ignorons ce que nous écrivons. Sans doute est-ce pour cela même que nous l’écrivons . Les poètes qui excellent dans l’art de l’éllipse, détournent notre attention et nous révèlent ce que nous souhaitions ignorer. Elisabeth Guilbert, (Mange, Prie, Aime ), citée par Anael Verdier, (Anael.TV), aime à penser que les histoires attendent de rencontrer leur écrivain pour pouvoir être écrites. Je préfère, quant moi, penser, mais c’est une autre manière de le dire, que les histoires nous sont soufflées par les âmes errantes ou les âmes du passé, qui essaient de nous raconter des histoires, en partie oubliées.

    Certains fragments de leurs mots flottent dans le temps et l’espace, en attendant de rencontrer une plume prête à les transcrire. L’écrivain est un traducteur ou un transcripteur des mondes internes et externes des hommes. Parfois, au péril de son propre équilibre, l’écrivain va chercher au fond de lui ce que les autres hommes préfèrent ignorer.

    Heureusement les petits dieux, sur nos épaules, s’amusent avec nous et nous soufflent à l’oreille des solutions quelquefois fausses. Sur ces chemins de traverse, sous les fourrés, somnolent des phrases que nous déterrons, réveillions, et livrons au monde.

    Le mien, de petit dieu, est facétieux et frivole.  Souvent en vadrouille, il me laisse en plan, pour aller conter fleurette à une jolie déesse. Alors, il faut bien que je me débrouille avec les bribes d’histoires qu’il m’a laissées, au gré de son humeur vagabonde. Et, quand, parfois il revient il a oublié ce qu’il devait me dire..!

    Les inattentions de nos petits dieux, nous permettent parfois d’écrire des petites choses, comme ça, sans que nous en apercevoir, à notre insu…

    LES MOTS D’ELLE

    Les Mots accrochés sur les fils ,
    séchaient
    Elle dansait, jouant des hanches
    Chaloupées,
    sans se cogner
    aux mots qui séchaient
    sur les fils
    Lorsque j’entrais dans le café
    il y eut un courant d’air
    Les mots s’entrechoquèrent et se mélangèrent
    Lorsque je voulus parler
    J’avais perdu les mots…
    Qui étaient accrochés sur un fil
    Et n’avaient pas fini de sécher…
    je la regardais
    je vis le froufrou de sa jupe
    De satin
    Les mots manquaient
    Elle dénoua ses cheveux
    Et me fit l’amour
    Comme ça juste pour rien, entre
    deux mots qui séchaient,
    par terre, au matin
    j’ai eu peur de ça
    De ces mots qui séchaient sans rien dire
    D’elle qui aimait sans en rire
    De ce qu’elle offrait
    Du temps qu’il faisait
    Du printemps qui revenait
    Des oiseaux qui rechantaient
    Du nous qui s’annonçait
    Je me suis enfui du rêve de papier,
    Je l’ai attendue
    Au café , sur le zinc, au matin
    Au bruissement de la tasse qu’on fait glisser
    mon rêve de papier s’est envolé…

    SARAHLOUP

    BONNES FÊTES

    SARAHLOUP