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    Ecrire est une profession de foi

    Argentine 04

    Pour écrire, il faut dynamiter la langue et recevoir des éclats de mots, s’adonner au big bang pour s’abangdonner, se laisser traverser par les forces telluriques de destruction et d’invention.

    Blanc et noir, dieu ou démon, il faut voyager sur les extrêmes et se laisser aller au grè des mots, sur le fleuve déroutant de la traversée des langues.

    L’écriture est l’art de l’ellipse, c’est aussi celui de voyager, d’accueillir l’insondable sans poser de questions au petit dieu qui a décidé d’entrer dans votre tête.

    J’aime beaucoup l’idée d’Elisabeth Guilbert, (Mange, Prie, Aime) que les histoires se baladent en attendant de trouver un humain qui voudra bien les accueillir pour les écrire.En ce moment, il y a une histoire qui frappe à ma porte et qui revient, comme la houle océane. Elle veut que s”écrive des histoires de mer, de vent et d’enfants amoureux l’un de l’autre. Le fils de l’océan et la fille du vent, partent en balade, vont voir la mer, s’aiment à en mourir, et se séparent, parce que l’amour ne reste pas, il les traverse sans s’arrêter, les bouleverse, les crée. l’amour comme ça, une seule fois , la première fois. L’amour à mort, à vie aussi.

    “je t’aime à en mourir mais c’est aussi pour en vivre” disait P.Eluard

    Un long poème d’amour, dédié au dieu du vent.

    “Là-bas, car là où sont les tombes, là seulement sont les résurrections”, Nietzche,

    et là où sont les mots là aussi sont les résurrections.

    R.M.Rilke : ” nous naissons pour ainsi dire, provisoirement, quelque part. C’est peu à peu que nous composons en nous, le lieu de notre origine, pour y naitre, après coup et chaque jour un peu plus définitivement”

    Edmundo Gomez Mango, dans son livre,”la mort enfant”,Editions Gallimard, donne la parole aux mères de Mai, qui hurlent dans le vent leur douleur au monde sourd à leurs supliques.

    …”La “mort-enfant est la métaphore d’un phénomène similaire, plus vaste et moins précis.. elle est l’apparition de l’inquiétante étrangeté, au sein de l’infantile. Elle est une des sources de la douleur de l’enfance, celle qui surgit sans raison apparente et qui semble se confondre avec la douleur d’exister”…

    “Les enchanteresses aquatiques, dit-on, produisent des étranges apparitions sur la surface de l’eau (là où les courants chauds rencontrent les courants froids) comme ces mirages des mers et des lacs nordiques, ces châteaux qui s’élèvent entre les eaux et le ciel et qui leurrent les marins égarés; ils croient avoir atteint le port qui sauverait leur vie et ce n’est qu’une dernière illusion dans laquelle ils sombrent..”

    “…La lisière entre l’illusion et la réalité, entre l’image et la chose devient incertaine, elle tend à s’effacer.”

    “… quand les mères vacillent, elles qui sont seules à se tenir entre nous et la dissolution…”

    ” …comme si c’était l’impensable qui faisait penser et qui exigeait la pensée, l’irreprésentable qui fonde et organise comme un point de fuite ce qui peut être représenté…”

    “Un mot qui a perdu  sa mémoire comme l’objet m^me qu’il veut désigner.”

    Dans Pedro PARAMO, Juan RULFO accueille la voix de sa mère morte, revenue des enfers, pour écrire les mots d’un petit roman crépusculaire et unique, qui devient un classique de la littérature sud américaine.

    Anael Verdier, (Anael TV), insiste sur l’accueil de l’énergie des langues indispensable aux auteurs; Il me semble que tout écrivain doit trouver la sienne pour donner ses mots au monde, pour que sa langue reparte dans le vent.

    Parfois mes mots me donnent du fil à retordre, et incapable de les saisir, je les emprunte à d’autres pour qu’ils résonnent, enflent, et s’envolent, s’en aillent au fil du vent, dire au monde libre la magie d’aimer.

    SARAHLOUP