DAVID

Argentine 04
Marie m’a téléphoné ce matin, elle pleurait.
je pressens et redoute ce qu’elle m’annonce :
“Il est mort, Marie, mon père est mort” , des sanglots l’empêchent de poursuivre , elle hoquete.
Les larmes montent en moi , je me mets à pleurer, à mon tour, partageant son chagrin.
Elle poursuit:
“On l’enterre vendredi, sur le Bassin, la chapelle du Cap-ferret, Notre dame des flots, tu viendras?”
Ce n’est pas une question,une supplique presque. Cela fait cinq ans que Marie ne m’a pas adresse la parole, furieuse de ma liaison avec son père, qu’elle a découvert par hasard,et surtout par négligence de notre part. Elle n’a jamais accepté que nous nous soyons aimes, sans espoir de pouvoir être libres de vivre quoi que ce soit, sans désir peut être de le faire, tout au moins de sa part à lui. Pour moi, un amour à l’adolescence, avec le père de ma meilleure amie, une aventure de quelques semaines , ma première fois…
Marie elle même, vit un grand amour avec un homme de vingt trois ans plus âgé qu’elle , un ami de son père , mais une aventure entre son père et sa meilleure amie, ça, elle ne pouvait pas le supporter.

Lorsque je suis entrée dans la petite église ce vendredi là, il dominait l’autel,  sa photo dominait l’autel.
Marie avait fait agrandir un portrait de lui , jeune, un cliché de ses vingt ans.
La photo dominait l’autel et le cercueil, il avançait vers nous, alerte et décidé, tellement présent, si beau aussi.
J’ai été saisie à la gorge par l’odeur des lys, prenante , entêtante, une odeur capiteuse qui ne lâche pas. Les lys sont associés pour moi à la chambre de ma mère, à sa maladie , et à sa mort . Je déteste les lys.
Les notes de Dire-Stairs, “Brothers in arms”, résonnaient dans la petite chapelle. Toute notre adolescence contenue dans la plainte lancinante de la guitare et la douleur de ces “frères d’armes”. C’était bien de Marie de mélanger le passé et le présent, à l’enterrement de son père, et de faire de cet adieu une fête. Après tout pourquoi pas , Je me remis à sangloter doucement.
“Every Man has to die”, chante Mark Knopfer; oui mais certains ne devraient pas , pensais-je ,  pas tout de suite, ou peut-être jamais…
Les notes de notre chanson préférée , notre album préféré, la chanson de notre adolescence, Marie me disait , par cette chanson, son amour pour lui, son amitié pour moi, son pardon peut-être aussi. J’aime que les chansons commencent par une plainte et terminent en une apothéose de violence, comme s’il ne fallait conserver de la brutalité du rock que son déchaînement pour parvenir à chasser le spleen.
Je n’étais pas sûre que Marie me pardonne mais je savais que jamais je n’oublierai.
Dans la chanson de Dire-Straits, pas de violence juste une guitare électrique qui étire sa plainte, enveloppe le silence et l’espace pour les saturer, les tordre, les torturer jusqu’au bord de l’abîme et dire enfin, la tristesse , l’absence , la magie de l’amour, la peur de la guerre, la bêtise et la grandeur des hommes qui la font. Comme ces “Brothers in Arms”, étions-nous des “sœurs d’arme” , deux filles pour un même prénom, et l’amour du même homme.

La photo de David est en noir et blanc, un peu jaunie, presque sépia.
Il marche dans la rue, les pans de son manteau flottent autour de lui, lui conférant une allure décidée. Il ressemble au personnage masculin de la photo de Doisneau, “le baiser”.
Il est seul, seul à marcher vers la personne qui prend la photo, dont je savais, puisqu’il me l’avait dit, que c’était Élisa, la mère de Marie.
Il y a d’autres passants sur ce cliché, mais tous marchent dans l’autre sens, tournant le dos à l.objectif. Il est le seul à aller vers ceux qui regardent, nous offrant sa beauté et sa jeunesse , il est le seul à aller vers la vie et vers Élisa.
Il m’avait parlé des circonstances de cette photo. Élisa, a seize ans, elle est amoureuse de lui, ils sortent ensemble depuis quelques semaines.
Ils sont dans la rue, par jeu, elle lui demande de poser, il rit, refuse puis finit par accepter, flatté plutôt. Sent- elle déjà qu’il possède une beauté hors norme , la beauté du diable, comme on le dit des très jeunes filles.
Sur cette photo, Élisa tente de capter, de lui, ce quelque chose de presque féminin., dans un visage viril pourtant. Une beauté, en forme d’énigme , un charme dont il n’essaiera pas de rendre compte, et qui n’appartient à personne, pas même à lui; un don du ciel un peu encombrant, qu’il jettera au gré des femmes rencontrées , pour s’en débarrasser, sans jamais vraiment se l’approprier.

Dans les années soixante, dans les petites villes de province, on ne badine pas avec les conventions. Ils n’avaient pas tardé à coucher ensemble . Ils ne s’accordaient pas , mais ne le savaient pas , trop inexpérimentés des choses sexuelles, à dix-sept ans.
David était pris dans les croyances religieuses d’une enfance marquée par le décès prématuré de sa mère, alors qu’il n’a que trois ans. Élevé par une grand mère bigote qui l’emmène quotidiennement sur la tombe de sa mère, il met beaucoup de temps à se dégager des interdits religieux, concernant la sexualité. Au temps de la photo, il n’a connu que la jeune fille qu’il va épouser, et dont il pense être amoureux, Élisa.
Marie fait son apparition au bout de quelques mois de la liaison entre David et Élisa. Trop jeunes , pour sauver les apparences et parce que ni l’un ni ´l’autre ne savent rien de l’amour, ils acceptent , poussés par leur famille respectives, de se marier.
Il est en quatrième année de médecine, Elisa passe le bac.
Ils vivent au rez de chaussée de la maison d’enfance de Marie,  une petite maison, qu’ils feront agrandir un peu plus tard.
Élisa répond au téléphone et accueille les patients de David.
Il est beau , elle l’aime pour cela.
Sur la photo que Marie a agrandie, on ne voit que son visage. Des traits bien dessinés, un sourire ravageur, brun, pas très grand, ce regard qui enveloppe celui a qui il s’adresse. Un mélange de Mastroiani et de Kirk Douglas, des yeux si bleus.
Sur la photo, il marche les mains dans les poches, les épaules dégagées, fier, souriant, un brin conquérant il vient vers l’objectif et la jeune fille qu’il aime, à l’époque.
Il avance en grandes enjambées, une cigarette aux lèvres, il ne porte pas de chapeau. Par contre la femme qui est derrière lui, porte un ” petit bibi” , comme disait ma grand mère :  “une femme bien mise ne sort pas en cheveux” , répétait-elle ,  concédant une vérité que je n’osais remettre en question.

La femme sur le cliché est de dos, elle s’éloigne vers un groupe de personnes qui forment l’arrière plan de la photo et dont les visages disparaissent derrière un journal tenu ouvert devant leurs yeux. David est seul à regarder l’objectif.
Marie a zoomé sur sa silhouette, pour l’agrandir. Il se tient immense dans cette chapelle remplie de personnes venues lui dire adieu.
Il me regarde comme la première fois ou nous nous sommes rencontrés.
Je suis au lit dans ma chambre de jeune fille, abattue par une forte fièvre, une rougeole foudroyante. Ma grand-mère a appelé le docteur Huertas, qui est venu dans la matinée. Lorsqu’il entre dans la chambre, j’ai levé les yeux vers lui et ce fut le choc, ce regard si bleu, la beauté d’un dieu grec, la régularité des traits du visage, un menton volontaire avec une fossette, l’aura du médecin. J’ai seize ans, je suis tombée folle amoureuse de lui, comme on peut l’être à seize ans. Ses mains se sont promenées,sur ma gorge pour palper délicatement les ganglions de fièvre. Il a regardé dans ma bouche, les amygdales, en me demandant de tirer la langue. J’ai pensé à “La montagne magique” , lorsque Hans kastorp tombe amoureux des clichés de radio de sa dulcinée, au sanatorium. J’avais lu le premier tome du roman de Thomas Mann, il le remarqua au chevet de mon lit et nous nous mimes à parler de son auteur favori. Il adorait la littérature. J’étais en première Littéraire, mon cœur a chaviré.
En attendant il a prescrit des antibiotiques, comme tous ses confrères, il abusait des antibiotiques, et m’a demandé de passer le voir à son cabinet ,samedi en fin de matinée.
J’avais une leçon d’équitation, mais pour les yeux bleus de David, j’écourtais ma leçon et me précipitais au rendez-vous.
Il fut courtois, professionnel , détaché presque.
Je désespérais de le gagner à ma cause, je me languissais . Cette attente m’emplissant de désir de lui , envahissait toute ma vie. Je me pâmais à l’espérer, et cet espoir, exacerbait le romantisme de la jeune fille que j’étais.
J’imaginais tous les stratagèmes possibles pour le rencontrer, et en même temps me reprochais ma hardiesse. Il ne fallait pas, il était marié, remarié même , Hélène, sa deuxième femme attendait un bébé. Tout le quartier le savait. Surtout ma grand mère , commère inégalée faisait des gorges chaudes avec ses copines du bureau de poste ,des amours ancillaires du beau docteur Huertas.
En même temps, j’étais l’amie de Marie, sa fille, l’une des filles les plus populaires du lycée, que je connaissais depuis toujours car nous avions suivi les même classes, étions amies depuis la maternelle.  Des orientations différentes , elle en section scientifique, moi en section littéraire, nous avaient séparées. Nous avions évolué progressivement vers des cercles d´amis différents, jusqu’à nous voir de loin en loin, perdant peu à peu notre complicité d’enfant, les liens de ” meilleure amie”.
Marie qui portait le même prénom que moi, à qui, petite, je confiais tous mes secrets , et que j’allais trahir.

Nous nous sommes revus, à son cabinet, une fois, puis deux, à la troisième visite sans motif, il m’a regardée, a souri, puis m’a allongée sur la table d’examen en déboutonnant lentement mon chemisier blanc de jeune fille. sans me quitter des yeux. Il m’a embrassée très doucement,, m’a caressée, les seins, a descendu la main entre mes cuisses. Il s’est habilement débarrassé de son pantalon.
J’entendais les bruits que Hélène sa deuxième femme, la belle-mère de Marie faisait, en préparant le repas, en bas dans la cuisine.
Les poêles s’entrechoquaient, l’eau coulait, le chien aboya, en quête d’un bout de viande. Hélène lui dit quelque chose, on entendit son rire, monter à travers le plancher. Quand Hélène fit rissoler les oignons dans l’huile chaude, il entra en moi d’une seule poussée, puis par de lents mouvements de va et vient , fermes presque brutaux , il me fit jouir instantanément.
Nos étreintes ne seraient jamais meilleures que cette première fois rapide, directe, intense, chez lui, avec Hélène préparant le repas en toile de fond.
Le risque d’être découverts, le danger et l’interdit, pimentaient une relation dont je compris très vite qu’elle n’était pas la seule et que David était assez volage avec ses patientes.
Un jour, ma grand-mère me demanda d’aller lui chercher un certificat de maladie et un arrêt de travail pour excuser une absence au bureau de poste où elle travaillait.
C’était un mercredi matin, à la sortie des cours, je passais sans prendre rendez vous au cabinet de David.
Il suffisait de patienter un peu dans sa salle d’attente et de voir les airs énamourés des femmes ,, l’espérant, pour deviner que David ne faisait pas que prescrire des antibiotiques.
La majorité de sa clientèle étaient composée de femmes  ,jeunes, mariées, heureuses ou malheureuses en ménage, blondes , brunes ou rousses. La salle d’attente en était pleine. Rregardant autour de moi, dans une atmosphère électrique de jalousie contenue, je compris alors que nous étions toutes là pour lui.
Il était beau, le savait, en jouissait, en abusait .
Je sentis une morsure me pincer le cœur. Les larmes aux yeux, je serrais les dents, j’avais envie de les tuer, de leur interdire le cabinet, J’étais jalouse, nous n’avions vécu qu’une étreinte et déjà je ne supportais pas de voir toutes ces femmes dans son cabinet.
Je laissais un message sur son répondeur, lui demandant de préparer un certificat pour ma grand-mère, et m’enfuis à toutes jambes. Qquand je revins chercher le certificat, c’était un samedi matin, le même jour que notre dernier rendez-vous.
David se passa la main dans les cheveux,sourit, me regarda. Il posa un baiser sur ma bouche, sachant que je l’attendais, sur de lui. À nouveau il me caressa, longuement, attentivement. il avait les mains chaudes. Je le désirais, j’avais envie de lui, de lui en moi, de son étreinte, de son odeur de pain d’épice, de nos longs baisers mouillés.
Une nouvelle fois, il me prit, cette fois longtemps, prenant le temps pour que je jouisse et que lui  s’abandonne au plaisir à son tour.
Je rajustais mon chemisier, j’étais la dernière patiente de la matinée.
Je revins chaque samedi, en fin de matinée pendant deux mois, jusqu’à ce que je me lasse de ces étreintes du samedi matin, avec comme horizon une nouvelle étreinte, sans aucune possibilité d’autre chose. Il avait été très clair sur ce point, il ne m’offrait que ça, l’amour sur canapé,en quelque sorte . Il était marié, heureux en ménage aussi bizarre que cela puisse me paraître , du haut de mes seize ans. Il était aussi le père de ma meilleure amie.
Je réalisais peu à peu, que l’amour à seize ans avec le père de ma meilleure amie n’était pas synonyme de bonheur, et ne rimait pas avec toujours.
Nous avons rompu, un jour, nous retrouvant au café de la gare.
Il souriait, sachant pertinemment notre aventure sans lendemain, il a eu un dernier geste de caresse sur ma joue, m’a enveloppée de ce regard si bleu, bleu comme la promesse d’un ciel d’été,  la mer et l’océan mêlés,  l’horizon, le monde, la terre, la planète bleue, l’azur infini.

Je suis partie la première, je pleurais sur mon bel amour trop tôt enfui, même si je savais dès le début que notre aventure ne durerait pas.
Il est des hommes dont il faut prendre ce qu’ils donnent sans chercher plus, je l’appris de David, à dix sept ans.
Marie a surpris notre dernier baiser, sur le pas de la porte du café, elle passait par la, elle, ne me dit pas tout de suite nous avoir vus, garda le secret, et j’appris bien plus tard, qu’elle savait,  pour son père et moi.

Ce jour de juin, nous venions de rompre. Il a dit que j’étais jeune, que je m’en remettrais, qu’il aimait Hélène , qu’il ne voulait pas foutre sa vie en l’air pour une gamine de seize ans, fut elle aussi jolie que moi. Il voulait garder sa liberté,  charmer ses patientes, profiter de sa beauté et de sa situation de médecin, de la confiance et de l’amour inconditionnels d’Hélène aussi.
Je savais ne pas être la seule , cela ajoutait à mon chagrin. Non seulement il me congédiait, mais il y en avait d’autres. Je me suis dit alors que je ne voulais plus tomber amoureuse d’un homme trop beau.
Notre rupture eut lieu le jour de la fête de la musique, un 21 juin.
Le soir, désœuvrée et mélancolique ,j’ai déambulé dans les rues de la ville, au milieu des orchestres et des gens joyeux, insouciants et saouls. J’ai rencontré des amis d’amis, et beaucoup bu ce soir là.
J’ai fait l’amour avec Christian, un métis trop beau lui aussi, mais tellement shooté que je me demandais comment il pouvait encore tenir debout, et malgré tout, faire l’amour. Christian était totalement défoncé. La tête dans les étoiles, il regardait le plafond en souriant, les écouteurs sur les oreilles, me faisant l’amour distraitement. Il s’est endormi rapidement. Pendant que nous tentions de nous aimer, je plongeais mon regard dans ses yeux dorés, à la recherche de l’éclat bleu qui m’avait brisé le cœur.
Mais Christian était métis, amoureux d’une autre, une fille que je trouvais grosse et sans charme, et complètement parti. Il souriait , secouait la tête , rythmant en cadence une érection qui avait bien du mal à se maintenir, au bout d’une dizaine de joints.

Au petit matin je suis sortie du lit de Christian, je me suis habillée avec mon chemisier blanc de jeune fille sage qu’aimait tant David, j’ai marché dans la ville sans but autre que d’entendre le bruit de mes pas sur la chaussée mouillée par le bal des nettoyeuse municipales. Un conducteur m’a hélée avec une remarque grivoise. Je lui ai souri.
J’ai souri a la vie, à mes longs cheveux châtain qui se balançaient au rythme de ma marche, à la vie qui s’ouvrait devant moi, au matin dans la ville déserte, qui rosissait les façades des maisons , au fleuve dont les eaux miroitantes baignaient de brume les rives, à l’amour encore et malgré tout, et au cadeau que David m’avait fait:
L’amour, la première fois.
Je suis partie deux jours après ,  passer une année à Sydney, une année en Australie, pour une première rupture, et  la vie devant moi…

Je regardais le portrait que Marie avait fait de lui, en agrandissant démesurément cette photo de ses vingt ans, et je décidais de garder le petit éclat bleu de ses yeux et le grand éclat d’amour qu’il m’avait offert.
Marie s’avança à la tribune du prêche et commença à parler de lui. Emouvante , elle retraça sa vie, ses études , son parcours professionnel. Hélène était là aussi très digne dans son voile noir.
Je me retournais vers l’assemblée et je remarquais alors que celle-ci était en majorité composée de femmes …
Nous sommes sorties Marie et moi, pour marcher jusqu’au petit cimetière entre les pins, et les mimosas.
Le chien de Marie, un golden retriever au poil presque blanc, allait devant, zigzagant le nez au vent.
Une brise légère souleva les robes des femmes, révélant les formes et les courbes doucement mises en valeur par leurs tenues de deuil .

Marie me sourit et dit malicieusement, tout en me prenant la main et en embrassant du regard les jupes qui se soulevaient :
” regarde il est là!”…

SARAHLOUP

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2 Commentaires

  • Reply
    Chantal
    13 mars 2015 at 8 h 33 min

    J’adore le clin d’oeil final :
    Marie me sourit et dit malicieusement, tout en me prenant la main et en embrassant du regard les jupes qui se soulevaient : ” regarde, il est là !”…
    Et qu’on continue à vivre avec ceux que l’on a aimés et qui ne sont plus là.

  • Reply
    renneelucie beauvieux
    14 mars 2015 at 9 h 04 min

    J’ai réussi à l’imprimer beaucoup de choses à te dire, mais il vaudrait mieux le faire de vive voix. Bon We Nous partons faire un brin de nettoyage à la jenny. Bises Renée Date: Thu, 12 Mar 2015 21:56:53 +0000 To: reneelucie.beauvieux@dartybox.com

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