A propos de…Frankie Adams.. Carson Mac Cullers..

MADA sud209

Un jour quelqu’un m’a dit que pour savoir écrire,

il fallait recopier ses pages préférées et les autres.

(Anael Verdier)

Comme toute adolescente, je le faisais déjà.

Je noircissais mes cahiers de signe cabalistiques et recopiais fébrilement les lignes que je trouvais géniales de mes auteurs favoris, espérant sans doute, inscrire dans mon corps le génie de ces écrivains. Aujourd’hui, adulte, je me souviens de mon adolescence.

Je vais partager avec vous quelques lignes de la présentation d’un roman d’une auteure exceptionnelle : Carson Mac Cullers,  “Frankie Adams”.

“..Frankie Adams est l’histoire d’une enfant brûlée pour avoir voulu découvrir le monde adulte au cours d’ “un été vert à perdre la tête”.

Frankie Adams a douze ans, Bengt Lundin, le personnage de Stig Dagerman, vingt ans. Ils sont frères de solitude, ne sont membres d’aucun club, vont au cinéma seuls l’après midi et déambulent sous les yeux de leurs semblables comme des phénomènes de foire enfermés dans leur cage. Tous deux essaient de s’introduire par la force ou par la ruse dans l’univers d’autrui. Bengt s’immisce dans le couple formé par son père et la maitresse de celui-ci. Frankie se déclare amoureuse du mariage de son frère. La vie leur enseignera les règles de ce grand jeu, où selon Dagerman, ” chacun prend sa chacune et où, probablement, quelqu’un reste seul”. Le tiers condamné à la solitude c’est Frankie Adams , c’est Bengt Lundin.

Ils apprendront que l’art de l’amour consiste à courtiser des fantômes : on aime toujours au mauvais moment, quand l’autre ne vous aime pas encore ou a cessé de vous aimer, et quand il vous aime de nouveau, vous avez déjà détourné le regard. N’importe quel adolescent désabusé vous le dira : l’amour, au début, c’est tellement différent du reste. Et puis ça se met à ressembler au reste.

Il ne faut pas vouloir donner à tout prix, parce que le monde a peur de ceux qui donnent, il faut savoir hypothéquer son coeur et accepter que l’hypothèque puisse être levée du jour au lendemain, il faut se retirer dans” la chambre intérieure”, dans ce cagibi où les compromis, les désillusions et les égratignures du monde ne peuvent plus se marquer sur votre visage.

Il faut comprendre qu’aimer c’est aimer sa propre solitude. Celui qui aime, disait Carson Mac Cullers à propos de Miss Amélia, la tenancière du café triste, “sait que son amour restera solitaire. Qu’il l’entraînera peu à peu vers une solitude nouvelle, plus étrange encore, et de le savoir le déchire. Aussi celui qui aime n’a-t-il qu’une seule chose à faire : dissimuler son amour aussi complètement et profondément que possible. Se construire un univers intérieur totalement neuf.” La difficulté est d’apprendre à mourir pour commencer à vivre….

Linda Lé résume là de façon magistrale l’univers adolescent peint par Carson Mac Cullers. Auteur de quatre livres dont le génial “le coeur est un chasseur solitaire”, Carson mac Cullers donne dans ce petit roman sur l’adolescence un aperçu de son  immense talent et nous renvoie à nos nuits d’écrivains, peuplées de fantômes et à notre solitude.

SARAH LOUP

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