“A notre insu…”

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“Je n’écris pas l’histoire des faits, j’écris celle des âmes”  Svetlana  Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015

“Nous ne sommes jamais prêts pour ce que nous attendons” – Wild-

“si tu me quittes, est-ce que je peux venir aussi ?” A. Bashung

“Dans l’étreinte amoureuse de la traduction, les langues, comme les amants étreignent ce qu’elles ignorent”  Paul Valery

Nous ignorons ce que nous écrivons. Sans doute est-ce pour cela même que nous l’écrivons . Les poètes qui excellent dans l’art de l’éllipse, détournent notre attention et nous révèlent ce que nous souhaitions ignorer. Elisabeth Guilbert, (Mange, Prie, Aime ), citée par Anael Verdier, (Anael.TV), aime à penser que les histoires attendent de rencontrer leur écrivain pour pouvoir être écrites. Je préfère, quant moi, penser, mais c’est une autre manière de le dire, que les histoires nous sont soufflées par les âmes errantes ou les âmes du passé, qui essaient de nous raconter des histoires, en partie oubliées.

Certains fragments de leurs mots flottent dans le temps et l’espace, en attendant de rencontrer une plume prête à les transcrire. L’écrivain est un traducteur ou un transcripteur des mondes internes et externes des hommes. Parfois, au péril de son propre équilibre, l’écrivain va chercher au fond de lui ce que les autres hommes préfèrent ignorer.

Heureusement les petits dieux, sur nos épaules, s’amusent avec nous et nous soufflent à l’oreille des solutions quelquefois fausses. Sur ces chemins de traverse, sous les fourrés, somnolent des phrases que nous déterrons, réveillions, et livrons au monde.

Le mien, de petit dieu, est facétieux et frivole.  Souvent en vadrouille, il me laisse en plan, pour aller conter fleurette à une jolie déesse. Alors, il faut bien que je me débrouille avec les bribes d’histoires qu’il m’a laissées, au gré de son humeur vagabonde. Et, quand, parfois il revient il a oublié ce qu’il devait me dire..!

Les inattentions de nos petits dieux, nous permettent parfois d’écrire des petites choses, comme ça, sans que nous en apercevoir, à notre insu…

LES MOTS D’ELLE

Les Mots accrochés sur les fils ,
séchaient
Elle dansait, jouant des hanches
Chaloupées,
sans se cogner
aux mots qui séchaient
sur les fils
Lorsque j’entrais dans le café
il y eut un courant d’air
Les mots s’entrechoquèrent et se mélangèrent
Lorsque je voulus parler
J’avais perdu les mots…
Qui étaient accrochés sur un fil
Et n’avaient pas fini de sécher…
je la regardais
je vis le froufrou de sa jupe
De satin
Les mots manquaient
Elle dénoua ses cheveux
Et me fit l’amour
Comme ça juste pour rien, entre
deux mots qui séchaient,
par terre, au matin
j’ai eu peur de ça
De ces mots qui séchaient sans rien dire
D’elle qui aimait sans en rire
De ce qu’elle offrait
Du temps qu’il faisait
Du printemps qui revenait
Des oiseaux qui rechantaient
Du nous qui s’annonçait
Je me suis enfui du rêve de papier,
Je l’ai attendue
Au café , sur le zinc, au matin
Au bruissement de la tasse qu’on fait glisser
mon rêve de papier s’est envolé…

SARAHLOUP

BONNES FÊTES

SARAHLOUP

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4 Commentaires

  • Reply
    Franck Cambon
    28 décembre 2015 at 12 h 41 min

    ça fait du bien de penser que nos épaules ne sont pas chargées que de lourds fardeaux, Bonnes fêtes à toi Brigitte

    • Reply
      sarahloup
      28 décembre 2015 at 12 h 47 min

      merci Franck,
      oui un peu de légèreté pour cette fin d’année
      bonnes fêtes à toi aussi Ffanck, à très vite

  • Reply
    Beauvieux
    29 décembre 2015 at 12 h 07 min

    Tu as très souvent des petits dieux sur tes épaules qui te souffles tant de poésie Bravo . Qu’en 2016 ils soient toujours présents

    • Reply
      sarahloup
      29 décembre 2015 at 17 h 22 min

      merci beaucoup Renée, que 2016 te soit riche en inspiration, balades et publications , bises

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